2.3.06

Si tu chouines, je te tords une patte

Je dois avoir un problème avec les corps. Les corps qui se tordent. Un traumatisme inconscient ou oublié? La peur de la maladie et de l'handicap? La peur de vieillir? Il faudrait que je me penche sur cette question.
Depuis quelques temps, les chorégraphes actuelles aiment (se complaisent ?) à mettre en scène des corps distordus; des gestes rappelant des personnes handicapées. Ils doivent trouver ici une beauté gestuelle particulièrement exultante et jouissive surtout lorsqu'elle est exécuté par des danseurs en pleine forme et ayant toute leur capacité physique.
Il y a deux ou trois ans, j'avais subi pendant une heure une danse trisomique par les danseurs de William Forsythe. J'avais détesté. J'avais crié au scandale. Réactions exagérées? Je ne sais pas. Mais le malaise que j'avais ressenti en voyant ces danseurs montant et decsendant la scène du théâtre en se contortionnant et en se tordant ainsi, avait été trop fort. Obsène.
Hier soir, ce point n'a certe pas été atteint mais tout de même, le principe de la pièce était encore basé sur des corps (faussement) handicapés et désarticulés. Les danseurs évoluaient comme des infirmes avec béquilles, déambulateurs, cannes et trépieds. Cette fois çi, pas de malaise trop important mais une atmosphère lourde. Une musique (les variations Goldberg) charcutée et tronçonnée; le clip clap incessant des différents matériels; les cris de bêtes poussés par les danseurs.
A aucun moment, je n'ai été subjugué par ce qui se passait sur scène même pas de de colère. De l'indifférence. De l'ennui aussi car bien trop répétitif. Quelques moments plus légers et aériens salvateurs qui m'ont permis de garder les yeux ouverts et de ne pas sombrer dans un sommeil profond. Les danseurs ont été parfaits mais quel dommage qu'ils aient eu à danser cette inéptie sans goût et sans saveur.
Marie Chouinard - bODY_rEMIX / vARIATIONS_gOLDBERG

2 commentaires:

E. a dit…

ha oui ! et bien encore une fois, on n'a pas vu tout à fait la même pièce !!!! Moi je n'y ai vu qu'une tentative un peu froide certes, mais spectaculaire d'exhaltation du mouvement et du corps (et de ses pulsions) sous contraintes !
Quant aux cris, je les plus vécu comme une expression de la jouissance à ne plus subir ces contraintes.
Bon, en ce qui concerne Bach, là, je suis d'accord en revanche...

Joss a dit…

Hi! Hi!
Je suis juste content de lire une autre personne qui consomme de la danse contemporaine... J'aime bien ce que fait Marie Chouinard, d'habitude, mais je n'ai pas vu ce spectacle qui, par ailleurs, n'a reçu que des éloges de ce côté-ci...
Moi, les corps trodu, ça ne me dérange pas. Ce qui me dérange, c'est la non-danse: L'espèce de mode de travailler l'intensitée dans une lenteur lente et très lentement lente... J'hais ça quand les danseurs posent au lieu de danser... À Montréal, depuis, je dirais 2 ans, sur 10 shows de danse, il y en a souvent un seul ou tu assistes à de la danse...
L'ancienne mode, qui est curieusement presque disparue, c'était les tout-nus... Avant presque dans tous les shows de danse, il y avait des danseurs à poils... Et dès que sur l'affiche il y avait des fesses ou des torses musclés, la salle se remplissait de pervers pèpères... Bon, au moins ça leur fait voir une oeuvre d'art en même temps que de la peau... Mais j,ai toujours trouvé ce côté voyeur un peu bizarre... Autant du côté du chorégraphe qui sait qu'en utilisant la nudité, il va avoir un succès, qu'autant du côté du spectateur qui aime bien voir de la peau...
J'ai vu des shows très mauvais qui ont été applaudis debout et en supplémentaires... On y voyait de grandes choses, une révolution... Pourtant, enlève les pénis et les seins... Et tout le monde serait mort d'ennuie...
Drôle de monde!