5.6.06

Mon Paris - Le pont des Arts et la pointe de l'île de la Cité


S'asseoir, ne serait-ce que dix minutes, à la pointe de l'Ile de la Cité. Les pieds ballotant à la limite de l'eau qui lècherait vos semelles de chaussures par petites vagues successives, au gré des allers et venues des bateaux. Se poser là, et s’émerveiller. Profiter de cet instant à part, hors du temps, hors de tout, hors de la cacophonie de la Capitale alentours. Regarder par delà les nombreux ponts qui enjambent la Seine de leurs pieds solides, luttant bravement contre les courants parfois forts de l’impétueux fleuve. Tous ces ponts qui s’enchaînent et se dessinent dans la perspective des uns et des autres, donnant l’illusion que vous ne voyez qu’une multitude d’arches maçonnées et de piles solides. Apercevoir les milliers de rayons solaires qui émanent des multiples facettes de la grande verrière du Grand Palais. Admirer les volumes et les volutes du Louvre sur votre droite. Ou bien, plus près encore, juste devant vous observer distraitement les flâneries oisives de tous ces gens sur la passerelle des Arts. Regarder l’architecture ajourée et en ombre chinoise de ce pont tout entier réservé aux piétons. Fixer, amusé, les mouvements chaloupés de la bouée conique, verte et orange, dans le jeu des vagues de la fière Seine qui s’offre à vous.
Fermer les yeux. Vider votre tête et réapprendre à découvrir les sons sauvages de la nature. Le piaillement des moineaux dans le jardin à côté ; le bruissement aérien d’ailes de petites mouches ; le rire goguenard des mouettes suivant le sillage des bateaux. Les klaxons se font moins présents ; les moteurs et leurs gaz sont bien loin de vous. Une quiétude toute grisante vous envahit à cet endroit. Parfois, les rires et les sons de joie des touristes voguant à la découverte de Paris par le fleuve. La Seine sans les bateaux mouches ne serait vraiment pas Paris.
S’asseoir, ne serait-ce que dix minutes, un dimanche matin d’hiver. Un de ces dimanches où le un soleil glacial vous réchauffe le bout du nez rougi. Un de ces dimanche où la ville dort encore douillettement sous la couette, asseyez vous, là, à la pointe de l’Ile de la cité. Il n’y a personne que vous et la minuscule brume sortant de votre bouche et qui se perd dans le vent froid qui souffle ici. Juste dix minutes. Juste le temps de se poser sereinement et de se dire que vous habitez une belle ville. De ces moments là, où vous vous dites que la ville est à vous, à moi et c’est tout.
Après cette halte récréative, partir à l’assaut de cette passerelle faite de bois et de métal qui attirait votre regard. La passerelle des Arts. Et ses bancs et ses lanternes. Le remonter en arrivant par la rive gauche pour que vous arriviez, à son extrémité, en face de la Cour Carrée du Louvre, si majestueuse. Un pont qui vit aux sons d’un saxophone ou aux accords d’une guitare ; qui respire aux rythmes de ces passants qui passent ou qui restent en buvant et en mangeant ; qui inspire des artistes de tous ordres, peintres, dessinateurs, jongleurs, conteurs. Passer, en regardant entre les lattes de bois du tablier et voir les reflets du soleil dans les couches vertes et grises de la Seine. S’arrêter au milieu, d’un côté puis de l’autre, et regarder les monuments qui vous saluent du plus près au plus lointain. Voir de loin, la pointe de l’Ile où vous vous trouviez sagement assis il n’y a pas vingt minutes ; les arbres du jardin vous ont reconnu et vous saluent de leurs branches brillantes. Répondre aux coucous sonores d’un bateau mouche qui vous traverse entre deux piliers en Mécano. Avancer. Avancer lentement. Prendre son temps et plonger et se noyer dans cette vie à part qui anime le pont. Garder en visu la porte monumentale de la Cour Carrée. Ce bel espace qui enchantera encore et toujours mes yeux de son calme écrasant, sous le regard bienveillant de milliers d’yeux statufiés.

1 commentaire:

E. a dit…

Je note... un prochain dimanche matin, aux aurores nous y seront..