Mélanie est une petite prodige du piano et tente le concours pour le conservatoire. Mais elle foire sa prestation, perturbée par la présidente du jury, pianiste reconnue, plus intéressée par la signature d'autographe que par ce que joue les petites élèves. Dix ans après, Mélanie a abandonné le piano mais joue dans sa tête la chanson de Lio "Fallait pas commençait". Elle n'est que vengeance sur pattes. Inquiétante à force de froideur calculée et de regards vides où parfois transpercent en eclairs fulgurants la méchanceté et le machiavélisme, l'actrice Déborah François (que je ne connaissais pas) est parfaite. Juvénile, faussement naïve mais vraiment vengeresse, séductrice presque trop enfantine pour etre innocente, trop gentille pour être honnête. Catherine Frot (pour une fois, sans excès) compose délicatement une pianiste au bord du gouffre, attirée par la pomme défendue que lui tend Mélanie.
Réalisé sobrement, le réalisateur mise tout sur la froideur. L'esthétisme, la lumière, les sentiments, tout est en retenue glacée qui accompagne ce drame de la vengeance. On sait dès le début que quelque chose de pas très joli va se passer (on pense à un drame du style La Cérémonie de Claude Chabrol) et l'angoisse gagne de plus en plus, au fur et à mesure où l'on voit les pièges tendus par Mélanie. Pourtant, aussi simplement et aussi froidement que le reste du film, le dénouement arrive sans excès et sans éclats, presque sans bruits. Mélanie est vengée. Ariane est anéantie. Générique de fin.
En tout cas, (et c'est aussi un des bons moments du film), la musique du film était très belle, à commencer par le Nocturne de Schubert. Ne manquait plus que le triple concerto de Beethoven et mon plaisir mélomane aurait été à son comble.
La Tourneuse de Page - Denis Dercourt
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire