6.1.07

Cinq euros cinquante.

J'y vais? J'y vais pas? Si j'y vais, c'est pour Salvadori. Si j'y vais pas c'est pour Elmaleh. Je me suis longuement interrogé en moi même pour savoir si. Le bouche à oreille était assez mitigé. Mouais. Ce n'était pas gagné pour une décision franche et nette. Et puis, Petit Frère est arrivé dans le débat et me l'a conseillé vivement. Je ne dirais pas que ça a été l'élément qui a fait pencher la balance vers le pour, mais ce n'a pas été celle qui l'a fait pencher vers le contre.
Par deux fois, je me suis décidé. Hop, hop, hop, j'y vais... Mais des coups de téléphones inopportuns m'ont fait rater la séance. Je ne suis pas du genre à écouter les signes du destin, mais là tout de même... Il y a quelque chose avec ce film.
Et puis, ce matin, étant tous les deux d'humeur cinématographique plutôt que d'humeur Darty (autre sujet d'interrogation existencielle), nous avons pris notre courage par les cornes et nous voilà, bravant la grisaille matinale, dans la salle de cinéma. Nous verrons Hors de Prix.
Hors de prix? Non ! Pas vraiment. Cinq euros cinquante (séance du matin oblige). C'est largement suffisant pour ce film qui n'est pas sans rappeler le Quatre Etoiles de Christian Vincent, sorti au mois de mai de l'année passée. Même ambiance luxueuse et clinquante. Mêmes personnages qui n'ont pas leur place matérielle dans le milieu dans lequel ils évoluent (ou alors dans les marges de ce milieu) mais qui ont décidé d'en profiter et de bien en profiter. Sans état d'âme, comme Irène qui soupèse ses prétendants aux nombres de robes Chanel et au poids des carats des bijoux que ces hommes pourront lui fournir. Elle se donne au plus offrant. Lui, Jean est homme à tout faire dans un palace. Gentil et simple, sans aspirations autres que de bien faire son travail. Par un concours de circonstances, ces deux là vont se rencontrer; elle flairant le bon pigeon friqué, lui n'en revenant pas de la belle opportunité qui lui tombe dans les bras. Lorqu'elle se rend compte de son erreur, elle arrête fissa ses belles oeillades et l'envoie bouler derrière son bar. Mais lui est raide dingue de cette jolie fille et par amour et pour se faire exister à ses yeux, il va se ruiner pour rester encore queques jours avec cette croqueuse d'hommes, profitant de lui jusqu'à son dernier euro, avant de le jeter comme un vulgaire mouchoire en papier. Sans le sous, sans travail, Jean se retrouve dans une belle mouise jusqu'a ce qu'une riche veuve lui offre de devenir son gigolo. Il devient ainsi ce qu'Irène est.
Bien réalisé, bien écrit, Salvadori réussit un film honnête sans pour autant avoir le mordant et l'humanisme de ces prédents films. Seul Gad Elmaleh conserve un capital sympathie et humain avec ses grands yeux bleux d'amoureux éconduit. Ce n'est pas le cas du personnage d'Audrey Tautou, froid, calculateur et belle garce de première. Les acteurs sont parfaits (même Elmaleh). L'image gentillette de Tautou depuis Amélie en prend un bon coup. Le physique particulier de Gad Elmaleh est très joliement mis en valeur et on découvre, dans certaine scène, un acteur avec un charme inouï pourtant assez proche de son personnage de François Pignon, dans la Doublure.
Le film est divertissant. Il ne donne pas envi de cotoyer ce monde surréaliste des gens du monde qui balance des liasses de billets avec une impudeur exécrable. Cependant, la fin, trop téléphonée, est bien faiblarde par rapport au reste du film. J'aurais tant aimé voir Irène maltraitée. Juste comme ça, parce qu'elle le valait bien...
Hors de Prix - Pierre Salvadori

Aucun commentaire: