12.2.07

Parodie

Aller voir un film de David Lynch, c'est comme aller sciemment se perdre dans un labyrinthe. Avec un plaisir presque masochiste même. Le plaisir de se dire : j'ai adoré mais j'ai rien compris.
Je me souviens de la joie incompréhensible que m'avait procurée Mulholand Drive. J'attendais donc ce nouvel opus avec une certaine impatience.
Quelle déception !
Bon, il est clair qu'il n'est pas nécessaire que je tente de résumer quoi que ce soit du propos du film. Ce n'est pas facile, voir impossible, je n'y arriverais pas.
Parlons de la technique. Comme d'habitude, Lynch soigne une ambiance sonore ahurissante. Tantôt légère, tantôt pesante mais à chaque fois presque trop oppressante. La musique est en accord avec l'ambiance du film. Une sorte de compilation désordonnée mélant le "Locomotion" de Fabares Shelley ou le "Sinner Man" de Nina Simone. On retrouve cet univers lynchien tendant parfois vers l'onirisme mais surtout vers la de perte d'identité de ses personnages qui les font virer vers la folie.
Par contre cette fois-ci, le réalisateur a décidé de tenir (pour la première fois de sa carrière) une caméra. C'était plus facile pour lui puisqu'il s'agissait d'une caméra numérique. La qualité de l'image et de la photographie qui avait fait une des grandes qualités de ses films précédents s'en ressent doulourousement. L'image est granuleuse et numérique. J'ai eu l'impression que les images me postillonnaient dessus pendant tout le film. Une éructation granuleuse et pixelisée. On devine à travers la sombritude de la photographie quelques références au peintre américain Hooper, mais salies, sous une épaisse couche de poussière. Il ne lésine pas avec les gros plans tremblotants sur des visages, sur des détails d'objets.
A la limite, lorsque le visage du gros plan est interessant et expressif, cela pourrait encore passé. Mais 80% de ces gros plans sont consacrés à Laura Dern, l'actrice (?) et une des productrices du film. Cette femme joue mal. Tout passe par son visage mais en une seule expression inexpressive : les sourcils froncés, la bouche ouverte et la tête légèrement penchée (à droite quand elle est contente, à gauche quand elle est triste). Expression qui lui donne constamment l'air bête ou d'autiste qui ne comprend rien à ce qu'on lui raconte. Moi je vous le dit, après ce film, elle a dû avoir de très sérieux problèmes de rides sur le front; des crampes terribles à la machoire et des torticolis à répétition. Mais ce sont là les seuls risques qu'elle a pris.
Le Sage E. a eu l'impression d'une parodie de film de David Lynch. On en n'est pas loin, en effet.
Préférons voir (ou revoir) Mulholand Drive ou Elephant Man, que j'ai découvert samedi matin et qui est un pur chef d'oeuvre.
Inland Empire - David Lynch

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