3.2.07

Pars vite et ne reviens pas.

Se pose ici la question de l'adaptation d'un roman sur grand écran. Les attentes de ce que peut donner la mise en image d'un de mes romans préférés d'une de mes auteurs préférées.
Pars vite et reviens tard est un excellent roman de Fred Varga avec ses personnages typiques (le commissaire Adamsberg, l'inspecteur Danglard, le lieutenant Retancourt, la belle Camille...), son ton unique mélange de nonchalance et d'action intuitive. L'univers Vargas est un univers à part.
Déception. C'est le mot qui me vient après avoir vu l'adaptation cinématographique du roman. Les personnages en chair et en os ne correspondent pas à ma visualisation mentale faite pendant ma lecture. Mais cela passe encore. Après tout le scénariste et le réalisateur peuvent avoir leur propre vision des personnages. Pourtant, José Garcia, tout bon acteur qu'il est, est loin d'être convaincant en commissaire. Il lui manque le côté flegmatique et lunaire tel qu'il est décrit dans le roman. Le personnage de Danglard est encore plus mal dégrossi : son alcoolisme est complètement occulté, le double rationnel du commissaire est passé à la trappe. Et encore pire, le personnage de Camille, perpetuelle future et ex-fiancée du commissaire est d'origine chinoise dans le film. Ce qui n'est jamais indiqué dans les romans.
L'histoire maintenant. Un illuminé annonce, par crieur des rues interposé, le retour de la peste à Paris et s'amuse à marquer les portes des immeubles des immeubles parisiens du chiffre quatre inversé, sauf quelques portes. Ce qui passait au début pour une simple fantaisie d'un dérangé cultivé, va verser dans le criminel lorsque les occupants des appartements de ces fameuses portes non marquées sont retrouvés morts dans une mise en scène mimant la mort par la peste.
Dans le roman, il s'agit d'une course contre la montre pour retrouver ce tueur en série qui menace de répandre la peste; contre la montre pour éviter la panique dans la population. Contre la montre avec les doutes, les fausses routes, les interrogations, les égarements d'une enquète palpitante.
Dans le film, rien de tout cela. Tout est plat, sans rythme. L'action et l'urgence se limitent à des voitures qui vont vite et qui freinent brutalement. Rien de plus. Le doute du commissaire qui menace de perdre pieds dans le roman n'est pas mentionné si ce n'est par un "Camille j'ai besoin de toi, je ne suis pas le même sans toi". Birk. L'action foisonante du livre est ici simplifiée à l'extrème, sans éclat, morne et bancal.
Mieux vaut relire le magnifique roman que de voir cette lavasse peu inspirée.
Pars vite et reviens tard - Regis Wargnier

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