28.2.07

Tu me fais tourner la tête

Quel paradoxe étrange pour celle qui chantait l'hymne à la joie, d'avoir connu une vie aussi peu remplie de bonheur.
Malgré tous les frissons que m'avait procuré la bande annonce, je me disais qu'Olivier Dahan allait dresser un dossier de sainteté à la môme. Une éloge, un panégyrique, une tentative de nous dévoiler la sainte qui se cachait chez Piaf. En fait, ce n'est pas que cela. On ne peut pas nier, ce film est avant tout une évocation romancée de la vie de la chanteuse avec tout le pathos qu'il faut pour pouvoir émouvoir dans les chaumières. Pourtant, Dahan nous dévoile aussi les côtés sombres de la chanteuse : l'alcoolisme et la drogue, son sale caractère et son exigence, la vulgarité de son langage et le sans gène... Une vision tout de meme loin du glamour qu'aurait pu laisser supposer le film.
La liste des acteurs affichée en haut de l'affiche est impressionnante mais ne soyez pas surpris, la tête d'affiche c'est Marion Cotillard; les autres acteurs font en fait, de la figuration de luxe. C'est elle qui tient le film d'un bout à l'autre. Une vraie présence à l'écran. On applaudira sa performence; elle a su se glisser dans le personnage de Piaf comme dans une seconde peau. La transformation est réellement bluffante passant de la jeune Piaf, pétillante et gouailleuse, à la vieille dame pétri d'artrose et marquée par tous les excès de sa courte vie.
Le film n'est pas sans défaut. Comme toute biographie qui se respecte, le film accumule et accumule les détails et les personnages qui ne font que passer, sans pour autant s'attacher aux relations et aux répercutions qu'ils ont eu sur la vie de la chanteuse. Seul la relation avec Marcel Cerdan est mise en valeur : on sent que cette rencontre là aurait pu faire énormément pour Piaf mais que cette fin dramatique l'a aussi marqué pour le reste de sa vie. Qu'il est beau et fort ce long plan séquence lorsque Piaf apprend la mort de Cerdan; la seule scène "frissonnante" du film en fait. J'ai appris quelques éléments de sa vie comme cette enfant qu'elle a eu, évoquée rapidement à la fin du film; les tracasseries judiciaires qu'elle a eu suite à l'assassinat de son premier mentor (interprété par Gerard Depardieu); l'appartenance à un gang de malfrats de Montmartre...
Quoi qu'il en soit, hymne sans retenu ou portrait contrasté de la Môme Piaf, ce film vaut le coup rien que pour rendre un vibrant hommage et saluer la place que Piaf occupe dans notre mémoire musicale collective. Non, rien de rien ! Non, elle ne regrettait rien. Moi non plus, je ne regrette pas d'avoir passer ces 2h20 avec une salle comble venu sans doute comme moi, toucher du bout des yeux à ce grand monument de notre patrimoine culturel.
La Môme - Olivier Dahan

Aucun commentaire: