29.3.07

Angel, princesse en rêve

Francois Ozon s'attaque à la pâtisserie trop sucrée et plein de guimauves. Mais comme il est un bon faiseur, il réussit un bon pudding dégoulinant de romantisme mièvre et avec de jolies couleurs pastelles, qui n'est même pas indigeste. Il s'est emparé avec délice des codes de ces films à l'eau de rose qui ont fleuri à Hollywood dans les années cinquante ou autre films à la Sissi, impératrice face à son destin. Il se les approprie et les malaxe avec gourmandise pour en faire une pâte, certes épaisse, mais sans grumeaux de mauvais goût. Mais François Ozon n'est pas seulement un copieur de recette, il aime y apporter sa touche personnelle. Toujours un ingrédient surprenant, un petit grain de sel qui réveille les sens, qui rappelle la recette initiale mais qu'on n'arriverait pas à nommer. L'élément perturbateur qui change la composition trop parfaite. Ca passe ou ça casse. C'est le risque. Ici, la réussite est correcte. Elle aurait été brillante sans le côté trop emphatique de la fin du film.François Ozon, réalisateur touche à tout, se donne les moyens pour recréer le monde merveilleux et fantasmatique d'Angel. Des décors extravagants et baroques aux couleurs improbables et pastelles, empreints de romantisme clinquant et faux. Des décors de comtes de fées avec princesses inaccessibles. Des clichés en veux-tu en voila. La première partie du film en est remplis, illustrant ainsi le monde propre dans lequel la jeune fille s’enferme comme elle s’enferme dans le monde imaginaire qu’elle se crée et où elle est l’héroïne incontestée, telle une princesse de mélo, exclusive. Cette jeune fille, qui a pour seul but de devenir ce qu’elle imagine être ; ce qu’elle finit par croire, dur comme fer, être, est un personnage égoïste et capricieux. Rien ne compte plus que sa personne et ses propres rêves.Pourtant dans la seconde partie du film, lorsqu’elle rencontre le prince charmant, tel qu’elle se l’était imaginé, lorsqu’elle s’ouvre un tant sois peu à l’autre, Ozon glisse son grain de sable grinçant qui va gripper la machinerie pas si bien huillée que cela finalement. Ce grain de sable là est un jeune peintre maudit, traquassé par le jeu et l'alcool. Il fera le bonheur de la belle mais il sera aussi son plus grand malheur. Dans cette seconde partie du film, ces décors, si exubérants, prennent alors une toute autre dimension. Il ne s'agit plus, justement, qu'un décor d'un théâtre de chimère où Angèle n'est plus qu'un pantin désarticulé de ses désirs destructurés.
Ce film de François Ozon n'a clairement pas la force de "Le temps qui reste" mais reste bien agréable à regarder.
Angel - François Ozon

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