28.3.07

Eldorado

4ème film vu le week-end dernier et c'est aussi le film quatre étoiles de la série de films.
Au début du 20ème siècle, en Sicile, une famille de paysans rêve d'avenir meilleur. Et la seule solution pour eux est de partir aux pays ou l'argent fleurissent dans les arbres. Les Etats Unis d'Amérique. Le Nouveau Monde. Le monde de toutes les merveilles; de toutes les promesses. La bénédiction divine avec eux, ils vont tout abandonner pour voyager vers l'inconnu. Un voyage en mer épique avec toute la promiscuité des milliers d'autres Italiens en quête d'eldorado. Les doutes qui assaillent pendant ces longues journée à attendre de voir le port de New York. Les rêves qui alimentent les conversations. Les amitiés qui se créent. La douleur d'un voyage en mer et de tous ses aléas. La première vision de ce pays de cocagne est administrative, procédurière, paperassière et matérialiste. Ils partent tous égaux en Amérique, jeunes et vieux; hommes et femmes; mais ils arrivent là bas un peu comme un troupeaux arriveraient à l'abattoir. Le choix séléctif; le rejet des malades et des infirmes et des plus vieux; la volonté de ne garder que le meilleur. L'entassement dans des dortoirs aux allures de prison. Parce que le rêve américain se mérite et ne sera réservé qu'à ceux qui auront réussi à passer la barrière des tests psychologiques et des examens médicaux.
Le film d'Emanuele Crialese est exaltant. Et bouleversant. Parce que le réalisateur filme avec une tendresse infinie et avec bonheur ces gens simples. Des gens qui ont la foi vissée au corps et qui s'y accroche parce qu'ils n'ont que cela comme richesse. La foi est leur force, leur espoir; celle qui les fait vivre et tenir même dans la pauvreté. Mais elle est aussi leur faiblesse quand elle devient crédule et naive. Il filme avec simplicité l'exode maritime de ces Italiens, se plaçant ainsi à la hauteur de ses personnages (on est loin du malheur des Irlandais du Titanic hativement évoqué avec des gros sabots par James Cameron). Le film regorge de petites trouvailles de mise en scène qui servent à évoquer les rêveries du personnage principal ou bien une énorme tempète en pleine mer. Il réussit, avec beaucoup de retenue, avec une pointe d'humour, un film poignant et sensible.
Vincenzo Amato est tout simplement formidable dans le rôle de ce paysan aux rêves naïfs et à l'imagination débordante. Très jolie rôle et inattendu pour Charlote Gainsbourg. Personnage ambigu, un peu aristocrate, un peu catin mais qui rêve de la même chose que ces paysans : une nouvelle vie en Amérique.
Enfin, il y a la scène finale du film. La voix chaleureuse de Nina Simone commence à chanter le célèbre Sinnerman; l'écran est blanc et soudain, apparaissent les visages souriants et heureux de Salvatore et Lucy chapeautés; ils nagent dans le fameux fleuve de lait qui traverse la Californie. La camera, qui est en gros plan sur ces deux visages, s'élève et laisse apparaitre une centaine de visages, nageant dans la même direction, comme pour remonter aux sources merveilleuses qui alimentent le fleuve. Cette scène est très forte et a réussi à me faire glisser une petite larme.
Golden Door - Emanuele Crialese

Aucun commentaire: