2.3.07

"A nos limites"

Les rapports familiaux sont conflictuels. Banalité que de dire cela. A croire que pour mieux aider à prendre son envol, il y ait besoin de s'étriper moralement, verbalement quand ce n'est pas physiquement. C'est ce que laisse entendre, en tout cas, le cinéma actuellement. C'était déjà le cas avec l'Allemand Pingpong. C'est encore plus le cas dans ce film belge. Une famille décomposée : parents divorcés, deux fils jumeaux vivant avec la mère (encore une fois, excellement jouée par Isabelle Huppert) dans une jolie maison laissée comme une sorte d'héritage aux garçons par le père.
Tout semble banal dans cette famille; d'une banalité plate même. Leur vie semble se dérouler sans anicroches, autour des repas quotidiens. Pas de pudeur entre eux, la mère prend sa douche pendant que l'un de ses fils se rase; les deux garçons prennent des bains communs. Les rapports entre ces trois là sont emprunts d'amour et de complicité. Des rapports presque fusionnels.
Pourtant, la mère aspire à autre chose. Ces deux fils sont grands et en âge de vivre leur vie. Elle a envie de commencer à vivre pour elle-même. Elle prend pour amant son voisin et désire ouvrir une maison d'hôtes. Mais elle a besoin de fonds pour réaliser ce projet et va mettre en vente la maison où ils vivent. Le début des ennuis.
Les deux garçons s'opposent à cette vente, réalisant sans doute qu'ils devront commencer à se débrouiller seuls. Thierry, garçon impulsif, (interprété par Jeremie Renier) s'y oppose farouchement et se braque contre sa mère qu'il trouve égoïste. François (Yannick Renier, frère de Jérémie et bien meilleur que lui) est plus nuancé et soutient mollement le choix de sa mère. Les rapports fraternels qui unissaient les deux garçons virent au conflit fratricide devant les yeux impuissants de la mère qui baisse les bras et préfère fuir cette ambiance trop tendue.
C'est un film âpre et sans fioriture. Un film brut. Pas de musique (sauf sur la dernière scène du film) qui pourrait adoucir les angles ou souligner les malaises. Pas besoin de cela, les images, les paroles, les non-dits parlent d'eux même.
A noter aussi dans ce film, un petit rôle de Raphaëlle Lubansu, la Chloé Mathieu de la série PJ.
Nue Propriété - Joachim Lafosse

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