24.4.07

Comme à la maison

S'aventurer dans une grande surface commerciale, un samedi, c'est comme aller se promener dans un zoo dans lequel on observerait des espèces rares.
Samedi, nous avons testé Domus et son magasin phare, Alinéa, sorte d'Ikéa à la française appartenant au groupe Auchan. C'est assez surprenant ces magasins d'ameublement qui reproduisent des pièces à vivre comme à la maison. J'ai l'impression que les clients agissent comme chez eux.
Il y a ceux qui s'y baladent comme chez eux. En short Red Bull, débardeur jaune et claquettes aux pieds quand il ne s'agit pas des habituelles basketts et soquettes blanches à bandes rouges et bleues. Comme dans leur jardin, décontractés. Tout juste, si on ne les verrait pas se gratter les fesses, comme à la maison.
Il y a ceux qui s'y sentent comme chez eux. Affalés sur le canapé du faux salon, devant la fausse télévision et le bouquet de fausses fleurs. Vautrés comme à la maison, les pieds en chaussettes sur le canapés à lire le journal du jour. Comme dans leur salon, décontractés. Tout juste, si on ne les verrait pas avec la main dans le pantalon, comme à la maison.
Il y a ceux qui s'y engueulent comme chez eux. Empourprés, vociférants dans les allées du magasin, entre les salles à manger et les cuisines. Comme dans leur cuisine, pas très décontractés. Tout juste si on ne les verrait pas se balancer les assiettes ou les casseroles à la figure, comme à la maison.
Il y a ceux qui mesurent. Tout ! De la profondeur du meuble bas à la hauteur du vase blanc émaillé en passant par la longueur du faux mur et la largeur de la fausse fenêtre. Comme pour reproduire cette fausse maison à l'identique dans leur vraie maison. Le mètre à la main, le petit carnet dans la poche arrière, le crayon de bois sur l'oreille. Organisés au centimètre prêt, décontractés comme sur un champ d'opération militaire. Tout juste si on ne les verrait pas se mesurer eux même, comme à la maison.
Il y a ceux qui déambulent. Main dans la main et qui font des ho et des ha attendris devant presque chaque objet présentés. Comme dans leur rêves de future maison, décontractés. Tout juste si on ne verrait pas dans leurs yeux les quatre murs de leur futur nid d'amoureux.
Et puis, il y a nous. Décontractés. Déambulant d'un point à un autre. Regardant tout mais sans jamais prendre de décision. Regarder cette jolie cuisine cerise et se dire qu'elle est pas mal. Et puis passer, sans se retourner, remettant à plus tard la décision définitive, comme à la maison.

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