16.4.07

Gedo senki

Goro veut faire comme son papa. Ce dernier lui a ouvert ses studios pour qu'il fasse ses preuves de grand magicien de l'animation. Le cahier des charges du studio est respecté : le dessin caractéristique; de grands décors très fouillés dans les plus petits détails; des paraboles écologiques et traditionnalistes...
Goro Miyazaki signe là son premier film d'animation. Comme son célèbre père, il a une approche très naturaliste dans ces grands décors; la végétation n'est pas qu'un simple décor d'arrière plan, elle est détaillée avec un grand sens de l'observation. Comme son père, il dessine des ciels plus vrais que nature. Mais ce n'est pas que l'ombre de son père; il a aussi sa propre vision. Ainsi les machines volantes du père sont devenus dragons chez le fils; les paysages de ville buccolique évoquant les petites villes de la Suisse ou de la Bavière sont chez le fils que vaste vision urbaine romantique et décadente faites d'énormes ruines d'une gloire disparue ou de rues surpeuplées proches des souks d'Afrique du Nord.
Même s'il s'en sort plus qu'honorablement pour son premier film, il manque la puissance évocatrice, la magie et l'onirisme d'Hayao Miyazaki. La réalisation est un peu basique et brouillone parfois. Il a choisi d'adapter les Contes de Terremer, saga d'heroic fantasy de la romancière américaine Ursula K. LeGuin et installe son film dans les deux derniers opus de cette série. Pour ceux qui ne connaissent pas l'histoire (comme moi), les ellipses peuvent un peu perdre le spectateur : pourquoi ces villes en ruine? Pourquoi ces bâteaux échoués sur des plaines désertiques? Pourquoi le héros tue t-il son père? A d'autres moments, et, comme pour répondre à un quota, il s'arrête plus que de raison sur des scènes qui ne font pas avancer l'histoire (toutes ces scènes de paysages où les personnages ne font que passer; les scènes qui vantent la vie à la campagne.
Néanmoins et malgré ces petites maladresses du débutant, ce film est un formidable film d'aventure avec des héros torturés et ambigus mais courageux. L'univers qu'il développe est foisonnant et d'une beauté à couper le souffle. Reste que le message poético écologique est un peu trop appuyé et un peu trop simpliste. Oui, l'Homme et son goût du "toujours plus" est responsable de déséquilibres ravageurs face à la nature. Mais est ce que vivre comme un paysan du Moyen Age est vraiment la solution pour remédier à ce danger? Je n'en suis vraiment pas certain.
En tout cas, je sais déjà que ces Contes de Terremer seront ma prochaine lecture, pour découvrir de façon plus approfondie cet univers et ses personnages.
Les Contes de Terremer - Goro Miyazaki

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Moi aussi je suis ressorti avec beaucoup de "pourquoi" sans réponse. Il m'a manqué un peu plus de magie.

Eric a dit…

J'ai acheté le livre.
Je te raconterais