12.4.07

Tête de caboche

Je n'étais pas vraiment (mais vraiment pas ) préparé à ce type de film. La bande annonce laisser attendre une gentille comédie sociale sur les relations difficiles d'une adolescente et de sa mère. Une comédie douce et légère sur le mal-être d'une jeune fille.
Au final, la réalisatrice dresse un portrait doux amer d'une adolescente en rébellion contre tout et tout le monde à commencer par elle même et contre sa constipée de mère qui est devenue sa tête de turc préférée. Lucie dite Lulu change, se transforme. Lulu est en transition entre la petite gamine et la nouvelle femme en devenir. Lulu a du mal à accepter ces changements et accepte mal les mutations de son corps et elle en veut au monde entier. Mais sa mère reste sa cible préférée, la source de tous ces maux, le bouc-émissaire acculé. Sa mère est une injure sur pied pour elle, tellement méprisable qu'elle en est à espérer que sa mère est une autre femme, Jeanne Birkin en l'occurence; une femme qui saurait lui parler comme elle aimerait qu'on lui parle. Il faut dire que sa mère n'est rien d'autre que ce fantôme grisatre et souffreteux, qui porte toute les malheurs du monde accrochés au visage; qui traine la savate en se tenant le ventre et qui ne parle presque jamais, plongée dans une souffrance intestinale permanente. Sa mère est une plaie; sa mère est un boulet. Jusqu'au jour où elle découvre un petit film où elle découvre sa mère qui rit, qui vit et qui est heureuse avec un homme qui n'est pas son père, un ancien amant. Elle découvre une inconnue. Qui est cet homme qui a su faire rire et vivre sa mère? Que s'est-il passé pour qu'elle tombe dans cette morne vie? Sa mère est-elle encore capable d'être heureuse comme elle l'a été à vingt ans? C'est ce qu'elle va tenter de savoir en retrouvant ce mystérieux inconnu de la vidéo.
Enfin, et depuis bien longtemps, Karine Viard est excellente; vraiment magnifique. Un rôle difficile qui aurait pu très vite verser dans la caricature mais qu'elle parvient à rendre infiniment touchant et émouvant, même lorsqu'elle évoque avec la plus grande des passions ses problèmes gastriques, par un jeu d'une grande sobriété et une émotion qui ne la quitte pas tout le long du film. La jeune Chloé Coulloud, est tantôt tête à claques, tantôt attachante, comme une vraie adolescente. Kad Merad continue sur sa lancée de rôle à contre-emploi tout à fait convaincant, gentil et bonhomme, serein et amoureux éconduit. Tout cela se lit dans ses grands yeux expressifs. Je l'aime de plus en plus cet acteur lorsqu'il ne fait pas le bouffon. Et puis un petit clin d'oeil pour Pascal Elbé et son magnifique sourire fondant (qui n'est pas sans rappeler celui de mon chochou Julien Boisselier).
Une mise en scène un peu limitée mais qui réserve de très jolies scènes. Dommage que les scènes de fantasme de Lulu avec sa Jane Birkin de maman imaginaire manquent de poésie et de lyrisme, car elle manque singulièrement de charme.
En fait de comédie, c'est plutôt un film dramatique à deux doigts du mélo mais qui prend suffisamment de recul pour éviter les pièges lacrymaux faciles. On y rit un peu mais on guette tout de même de prêt, son mouchoir en papier au cas où l'émotion nous emporterait trop vers des effusions humides.
La tête de Maman - Carine Tardieu

Aucun commentaire: