20.5.07

Comment rester de marbre?

Ah bah voilà ! Dès que le soleil daigne montrer la pointe de ses rayons, c'est tout de suite beaucoup plus agréable pour se balader. Les touristes sont tous dehors, essayant de rattraper le retard de ces derniers jours pluvieux. Les jupes et les t-shirts ont remplacés les vêtements de pluies et les parapluies.Ce vendredi, profitant d'une éclaircie geignarde et encore convalescente et d'une forte poussée de température, on a enfin pu sortir de la tanière qu'était devenu notre appartement. On avait presque oublié ce qu'était l'air frais du dehors.La redécouverte de la sensation de marcher dans Paris et redécouvrir qu'il est agréable de marcher dans ses rues. Une grande balade qui nous a mené des Grands Boulevards jusqu'au Louvre en passant par la Comédie Française; et du Louvre jusqu'à Concorde en s'arrêtant, au Hall Napoléon pour visiter l'exposition consacrée au sculpteur grec Praxitèle.Praxitèle, le sculpteur de tous mes fantasmes, celui qui a su sculpter la perfection masculine dans toute sa splendeur avec le Hermès du musée d'Olympie. Cette oeuvre n'était malheureusement qu'évoquée par deux moulage en plâtre. L'oeuvre de Praxitèle ayant quasiment totalement disparue, l'exposition tente de présenter son oeuvre par rapport aux nombreuses copies de l'époque romaine qui ont multiplié à foisons ses sculptures qui correspondaient parfaitement avec leurs goûts décoratifs. L'exposition propose donc d'essayer de trouver les points les plus communs entre les différentes copies d'un même sujet (les Satyres, l'Apollon Sauroctone, l'Aphrodite de Cnides...) afin d'imaginer à quoi pouvait ressembler les plus les oeuvres originales. Démarche originale mais aussi peut-être aussi un peu trop ardue pour ceux qui ne s'intéressent pas particulièrement à la sculpture antique (j'en avais un exemple avec moi qui a trouvé le moyen de s'endormir).Mais moi, qu'est ce que j'ai aimé. Je savais parfaitement bien que je n'avais pas sous les yeux, les originaux du maître grec, mais pouvoir observer ces copies au plus prêt et dans le détail fut un plaisir immense. Avoir le nez presque collé sur ces bouches pulpeuses qui semble faire une moue presque dédaigneuse; observer la gestuelle maniérée et les déhanchés cambrés et nonchalants; suivre des yeux les plis compliqués des chitons et des peplos, les tresses et les boucles fines des chevelures de marbre. L'envie chatouilleuse de passer mes mains sur le poli du torse d'Apollon, sur le galbre fessu d'un satyre rieur, sur les rondeurs du visage d'Aphrodite. L'envie mordante de réchauffer ce marbre froid et donner vie à ces figures figées. L'envie princière de poser ses lèvres sur le dessin parfait de ces bouches pour leur insufler le réveil.
En même temps, avec le recul, imaginer ces êtres sans bras, sans tête, sans sexe n'est pas forcément ragoutant même si ce qui serait réveillé serait la perfection incarnée. Alors, le panneau sortie annonçait déjà la fin du parcours, et d'un dernier regard large, j'ai embrassé toutes ces silhouettes une dernière fois en leur souhaitant de continuer pendant encore mille ans à enchanter les yeux de ceux qui poseront le regards sur elles.
Praxitèle - Musée du Louvres - Jusqu'au 18/06/2007

1 commentaire:

E. a dit…

Je me suis endormi non pas parce que cela ne m'interessait pas, bien au contraire, mais parce qu'il fallait bien que je m'occupe en atttendant que tu te décolles de la moindre lèvre pulpeuse...