11.5.07

Sur un refrain léger

Une opérette d'Offenbach. Une tranche de plaisir simple. Grivois, moqueurs, populaires et d'une modernité déconcertante, ces opérettes sont des recueils de chansons aux textes simples et aux mélodies légères qui vous trottent dans la tête longtemps après le spectacle (et d'autant plus si vous avez un Sage E. à la maison). Sous ces faux airs de petits spectacles de cabarets aux livrets d'une simplicité (pauvreté?) désarmante, se cachent en fait des satires féroces contre le pouvoir en place; des pamphlets contre les abus des classes dirigeantes; règlements de compte personnalisés. Populistes et populaires, ces oeuvres là connaissent une renaissance intéressante grâce à de petites troupes professionnelles ou amateurs qui mettent en exergue la modernité de ce génie art mineur de la culture classique.
Avec ou sans moyens; dans le pur respect de l'oeuvre originale ou transposé dans un univers plus contemporain, les opérettes d'Offenbach sonnent toujours comme des échos d'un passé qui se répète à l'infini.

Du moment que l'oeuvre ne soit pas dénaturée au point de ne plus ressembler à rien, sous prétexte de faire du théâtre populaire (dans le genre TF1 ou M6), comme l'a fait récemment Savary à l'Opéra Comique avec la Périchole, flirtant avec le mauvais goût, le vulgaire et responsable d'un massacre majeur de l'oeuvre.
Heureusement, les livrets fourmillent déjà tellement de ressorts comiques que les metteurs en scène n'ont plus qu'à imprimer leur touche personnelle à l'oeuvre sans la dénaturer. Repensons avec émotion à cette mise en scène magistrale de La Belle Hélène mise, par Laurent Pelly au théâtre du Châtelet, qui replaçait les aventures mythologiques de la plus belle femme de Grèce dans les années 1930. De grands moyens, de grandes voix au service d'une des oeuvres les plus drôles d'Offenbach.
L'excès de moyens n'est pas forcément une obligation pour réussir une bonne mise en scène d'une opérette d'Offenbach. La Compagnie Les Brigands (créée en 2000) l'a déjà prouvé à maintes reprises en jouant sur la scène du Théâtre de l'Athénée, Geneviève de Brabant en 2002 ou les Brigands en 2007. Là encore, grand respect de l'oeuvre. Les mises en scène de Stéphane Vallé et Loïc Boissier sont de petits bijoux d'ingéniosité qui jouent en toute simplicité sur le second degré des livrets.
Avec encore moins de moyen, la petite troupe de Oya Kephale qui existe depuis 1995, apporte à leur mise en scène une ambiance de spectacle de fin d'année qui peut donner l'impression d'un grand amateurisme "cheap" certes mais aussi et surtout d'une grande fraîcheur et d'un amusement communicatif, comme le prouvait, hier soir, ce spectateur, qui aux dernières notes de Barbe Bleue, s'est levé avec un enthousiasme débridé et hurlait son plaisir en demandant une standing ovation. Du vrai spectacle populaire dans le plus noble sens du terme, celui qui invite au plaisir de la découverte d'une oeuvre avant tout conçue pour s'amuser; celui qui voit évoluer sur scène des artistes enthousiastes prenant plaisir à faire vivre la pièce après de longs mois de travail et de préparation.

2 commentaires:

E. a dit…

Et Saperlotte !
Y'en n'a pas deux comme la p'tite Boulotte qaund il s'agit d'batifoler !

Unknown a dit…

Pour le respect des partitions par la troupe Les Brigands... on pourrait gloser !