7.6.07

A la lisière

Je reviens du concert de Travis. Et malgré toute la fatigue qui me tiraillait pourtant les épaules avant l'entrée dans la salle du concert et qui m'invitait à sombrer dans le sommeil dans les plus brefs délais, malgré ce poids là, je suis galvanisé par ce que j'ai vu sur scène. Oubliée la fatigue, oublié le stress. Pendant quelques heures, les tracas quotidiens se sont progressivement effacés au profit du plaisir simple d'un bon concert.
Fran et ses complices ont déboulé dans la salle du Bataclan au rythme de la musique de Rocky, traversant le public déchaîné avant de monter sur scène et de commencer le long combat qu'ils allaient mener pendant presque deux heures, sous une chaleur écrasante. Le show semblait extrêmement bien huilé : pas de temps mort, peu de place à l'improvisation. Un show à l'anglo saxonne : pro mais manquant de vie. Mais au bout du compte, devant les conditions extrêmes, la rigidité a fondu comme neige au soleil et on a même pu voir le guitariste se jeter dans la foule qui le porte à bout de bras.
Je me tenais un peu au fond; un peu à l'écart, là où l'air est plus respirable. Le geste un peu lourd au début, le pas de danse un peu plombé, je n'ai pas bien mis longtemps à me dégourdir et de commencer à me lâcher sur leurs chansons. D'autant que très vite, ils ont abordé leurs standards, ceux que je peux baragouiner ou « nananer » parce que je connais l'air mais pas les paroles. C'est d'ailleurs marrant quand je me repense chantant "Sing" par exemple, ou je hurle le "sing, sing sing..." alors que je fais "na nana nanana nanaire" tout le reste de la chanson. J'arrête ! Je sens le rouge de la honte m'envahir. Dans pas longtemps, il me faudra un coussin pour me cacher derrière.
Tous leurs grands standards y sont donc passés. Le fameux "Turn" y est passé aussi, au 3/4 du concert. J'ai presque failli lâcher ma larme tellement elle me remue cette chanson. A la fin de la chanson, je me suis retourné vers le Sage E. pour lui dire que tout pouvait s'arrêter maintenant. Il a compris que je voulais rentrer. J'y mettais un autre degré. Vous voyez ce que je veux dire, ces chansons, quand vous les écoutez, qui vous font dire que tout est dit; que personne ne pourra mettre de mots plus justes sur tel ou tel sentiment... Une chanson qui me foutrait en pamoison en moins de deux si je n'avais pas un minimum de retenue... Bref ! "Turn" en fait partie.
Sorti du concert sur mon petit nuage, je me suis dit bien béatement que le week-end commençait drôlement bien. Marchant dans la rue et oubliant que c'est Paris que je foulais du pied, je continue à fredonner : "i want to sing; to sing my song. I want to live in a world where i'll be strong. I want to live; i will survive, and i believe that it won't be very long; if we turn, turn, turn..." Bientôt, oui ! Tès bientôt...
Travis - Le Bataclan

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