12.6.07

Le week-end d'anniversaire.

Il aura su se faire attendre, l'astre solaire. Il aime bien se faire prier ces derniers temps.
Il aura fallu traverser les trois quarts de la France avant qu'il daigne pointer son coin de nez entre deux nuages. Mais, une fois qu'il eut décidé de s'exhiber, il le fit avec force. Grand dieu que ça fait du bien quand il se force un peu.
Il nous attendait donc, vaillant, à notre arrivée à Montpellier. Le week-end d'anniversaire du Sage E. commençait sous les meilleurs augures. Et ce n'est que justice, parce qu'il méritait d'avoir son plus beau week-end d'anniversaire qui soit. Après tout, il n'a pas non plus deux fois vingt ans tous les jours.
Tout de suite, je fus frappé par les couleurs de la ville. Entre l'ocre et l'orange selon l'éclat du soleil, avec des pointes de vert des palmiers et autres arbres qu'on ne voit que dans le sud. Dire que cette ville est belle ne serait pas transcrire toute sa réalité. La vieille ville partout ornée de vieux hôtels particuliers et de hauts bâtiments parfois décrépis est sillonnée de rues alambiquées et étroites qui débouchent à l'improviste sur de petites places charmantes où il fait bon prendre son temps. Tantôt baignées de la lumière crue solaire, tantôt protégées par l'ombre d'un grand arbre ou de la tour d'une église; le doux tintement d'une fontaine où s'abreuvent les pigeons; le son sourd d'une sono qui vient du tréfonds d'un café. Et on déambule de l'une à l'autre, retombant souvent sur une même place avec la vague promesse de s'y arrêter plus tard. Parfois, la cour d'un hôtel particulier est ouverte et laisse apparaître les ogives d'une fenêtre médiévale ou une haute voûte en plein cintre d'une beauté renversante. La fraîcheur qui saisit lorsque qu'on s'y aventure. Et toujours ces jeux d'ombres et de lumière sur les façades; le charme de ces volets délavés et brinquebalants qui flanquent les fenêtres anciennes. Les allers et retours sur la promenade du Peyrou; cette vaste allée majestueuse où domine le royal Louis sur son fier destrier qui regarde avec grandeur et suffisance l'Arc de Triomphe, construit à sa gloire. Au fond, le château d'eau conçu comme un temple antique, entouré d'une vaste pièce d'eau où se reflète ses vieilles pierres rongées par le temps. Sur la plateforme, l'impression de domination qui s'empare de vous en regardant le paysage quasi toscan qui s'étend à nos pieds. Et puis, bien sûr, les arcades de l'aqueduc qui projette son ombre sur le boulevard qui le borde.
Cette promenade qui débute dans la relative fraîcheur du matin d'un jour prometteur. Les frondaisons des cyprés du Jardin des Plantes qu'on aura à peine eu le temps d'effleurer. La robustesse et le charme particulier de cette cathédrale atypique. Le Sage E. qui parait être une petite fourmi au pied d'un des colossaux piliers du porche d'entrée. Et puis, en cheminant un peu plus haut, le calme reposant et solennel de la place de la Canourge où chuchote discrètement une licorne du haut de sa fontaine; le repos mérité sur la terrasse d'un de ses cafés où il fut bon de prendre sont temps et d'associer les amis à notre plaisir d'être là. Et, par un heureux hasard du calendrier, voir tous ces drapeaux, aux couleurs de la fierté d'être libre qui se balançaient aux rythmes de musiques technoïdes, défiler dans les rues de la ville au bout des bras de ces corps luisants au soleil. Les trésors cachés sous la place Jean Jaurès commentés par un guide enthousiaste; ou la sévérité de cette Vierge Noire cachée dans le petit et discret musée du Vieux Montpellier.
Il y eut aussi le sommeil tranquille dans cet hôtel charmant niché prés des Arceaux. Le grand plaisir de pouvoir prendre son café du matin dans cette petite cour à l'abri d'un bananier ou d'un palmier et entendre les pépiements des graciles martinets. L'un des plus beaux hôtels que nous ayons eu le loisir de fréquenter.
La volonté de profiter de chaque instant tout en prenant son temps. Le temps de profiter. Avoir ce loisir béni de déambuler simplement tels deux curieux d'un tout et pas seulement la curiosité rapide d'un touriste suivant le choix préétabli d'un guide touristique. Savoir aussi s'arrêter là où le charme opérait; sur cette terrasse de la rue des Trésoriers de la Bourse; sur la placette près de l'Eglise Ste Anne; sur la fréquentée place Jean Jaurès où les vapeurs alcoolisées nous ont donné des sourires béats.
J'ai rêvé d'un week-end surprise et parfait pour son anniversaire. La surprise fut trop vite éventée ce qui n'a pas empêché le très bon déroulement de ces trois jours passés là bas. Le déchirement de devoir se diriger vers la gare pour le retour trop vite arrivé. Trop vite rattrapé par la dure réalité de la vie : un week-end est toujours bien trop court. Dommage. Tant pis. Le principal étant d'avoir eu ces moments précieux à deux. Tout pour être heureux.

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