13.6.07

L'orage

Quand l'orage survient. Quand les nuages noirs lourds de menaces s'amoncellent et donnent une atmosphère crépusculaire. Quand les dieux du ciel commencent à se battre en duel à coup de sabres lasers qui zèbrent les cieux. Quand enfin les nuées s'ouvrent comme une douche géante et arrosent les sols chauffées avec de larges gouttes.
La Place des Fêtes se vide comme par enchantement. Les cris des gamins se noient sous le grondement des flots impérieux. La terrasse du café ressemble à un vaste champs de bataille abandonné dans une bérézina incontrôlée. Toute cette foule qui se recroqueville dans le moindre endroit couvert pour échapper à l'ondée aqueuse. Quelques téméraires osent affronter les traits de pluie en courant comme des dératés pour mieux s'abriter ailleurs. Le petit kiosque du square s'est transformé en abris de fortune où les bambins émoustillés à l'idée de jouer dans les flaques d'eau sont maintenus coûte que coûte par leurs mamans nerveuses. Le manège se replie sur lui même, toutes lumières éteintes. Très vite, plus âmes qui vivent sur les pavés de la place. Même les petites bêtes cherchent à se protéger de ces gouttes meurtrières. La frêle abeille se tasse dans l'encoignure de la fenêtre, les antennes rabattues le long de sa tête, tandis que le robuste frelon trouve refuge dans l'interstice du rebord d'une autre fenêtre. Un papillon blanc n'aura pas eu cette chance. Ses fines et larges ailes se feront mettre en pièce par les gouttes acérées.
Puis, la couche noire des nuages se déchire progressivement. Quelques rayons de soleil héroïques en profitent pour repartir au combat et regagner le terrain qui était le leur pour quelques heures encore. Les gouttes s'espacent, deviennent moins lourdes pour ne devenir que l'ombre d'elles mêmes sur les sols détrempées. La vie reprend sur la Place des Fêtes. Les gamins prennent leur revanche en sautant à coeur joie dans les larges flaques, les piétinant jusqu'à les renvoyer vers le néant. La terrasse du café se repeuple progressivement. La place redevient le domaine des petits joueurs de foot.
L'orage est passé comme une parenthèse, un hiatus climatique qui sitôt passé est déjà oublié. Et moi, là haut, dans ma tour dorée, j'ai aimé regarder ce gros quart d'heure arrosé et tout le chamboulement qu'il avait provoqué.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Que c'est joliment décrit :-)