13.6.07

Après tout.

Oh la vilaine claque que je me suis pris en voyant ce film ! J'attendais tellement de ce film de Gaël Morel. La déception a été d'autant plus grande. J'ai pourtant tout fait pour essayer de l'aimer, jusqu'à me forcer très fort. Mais rien n'y a fait.
Le début partait pourtant bien. L'annonce de la déchirure est sobre, touchante. Tout sonne étonnamment vrai : la voix de Deneuve qui appelle sa fille, transgressée par le chagrin qu'elle voudrait pouvoir contenir, presque méconnaissable. Morel filme cette scène avec une infinie pudeur, on sentirait presque l'envie de la caméra de prendre dans ses bras cette mère épleurée. Son chagrin est palpable et une vague de compassion a couru sur ma peau me faisant frissonner jusqu'aux larmes. Et puis, plus rien. Le récit s'éternise longuement sur cette histoire de deuil terrible, sur cette femme qui tente désespérément de nouer une relation étrange avec ce jeune garçon qui a causé la mort de son fils. Franck qui est le dernier à avoir vu ce fils vivant. Elle s'attache à lui comme à une bouée de sauvetage; le dernier lien qui lui rappelle son fils vivant.
D'attachement en passion. De passion en quasi folie. Cette mère rejette tout ce qui avait fait sa vie pour s'approprier la vie de ce jeune homme, voulant en faire un fils de substitution, le modeler à l'image de son fils disparue, image sublimée par l'arrachement soudain.
Ce qui est pourtant une bonne idée scénaristique s'enlise dans une réalisation ampoulée et obsolète faite de grands mouvements de caméra superflus; dans une juxtaposition de scènes qui manquent d'unité et qui parfois frisent le ridicule (la randonnée dans les vignobles; la scène du concert où Deneuve n'est vraiment pas à sa place; la scène de Deneuve avec l'enfant noir qui a perdu sa maison...). On perçoit bien ce que Gaël Morel veut dire du chagrin de cette mère et les changements sur sa vie mais il ne parvient pas à insuffler un semblant de réalisme. On aimerait ressentir le chagrin de cette femme qu'il montre à tout bout de champs en filmant ses acteurs en pleurs ou sur des musiques au pathos patenté; mais au final on ne ressent qu'un malaise : cette femme est autoritaire, folle et fait peur.
Catherine Deneuve se démène à corps et à cris pour cette histoire. On sent tout l'investissement dramatique qu'elle déverse dans ce rôle mais le scénario ne l'aide pas à être convaincante. Il n'empêche que c'est un grand plaisir de la redécouvrir sans cabotinage dans lequel elle avait tendance à envelopper ces précédents rôles.
Le reste de la distribution, par contre n'est pas à la hauteur. Guy Marchand et Luis Rego ne font que de la figuration; mais vu leur (petite) prestation, ce n'est pas bien grave. Elodie Bouchez et Elli Medeiros sont, par contre, très convaincantes dans leurs apparitions et il est bien dommage que Morel n'ait pas su (ou pu) développer un peu mieux ces personnages. Et puis, il y a Thomas Dumerchez. Alors, lui, il est certes grand, musclé et beau; d'une présence sauvage certaine à l'écran, mais un physique n'a jamais été suffisant pour faire un bon acteur. Et là, cette vérité se vérifie à chaque instant. Jamais dans la justesse. Ou trop ou pas assez mais jamais comme il faut au bon moment. Un peu trop nonchalant, un peu trop dans la "djeuns attitude" mais jamais touchant, jamais dans l'émotion pure.
Il y a un autre agacement à la visoin de ce film. Gaël Morel aime filmer les jeunes garçons et il filme très bien Thomas Dumerchez, entre autre (la sublime scène où il dort, à la toute fin du film, par exemple). Mais il aime aussi s'attarder sur de simples figurants masculins qui sont filmés bien trop longuement par la caméra complaisante de Morel. Ces oeillades et ses sourires affichés par ces jeunes gens deviennent très rapidement outranciers et alourdissent encore plus le film qui n'en avait vraiment pas besoin.
Après lui - Gaël Morel

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ouh la tu es super dur lol !!!
Mais ta chronique me fait réfléchir, tu as raison sur certains points je crois, en faisant ma propre chronique, j'ai été plus subjectif puisque le réalisateur était là pour nous expliquer ensuite, sa vision de son oeuvre...
Bref, il y a deux points quand même où je suis pas d'accord : d'abord le début du film, c'est étrangement là que je trouve Deneuve la moins crédible... Ensuite, Elodie Bouchez que j'adore, je la trouve juste une fois de plus, mais le rôle est assez minime, trop à mon goût !!!