22.8.07

Le bonheur est dans la montagne

Ca pourrait très bien être un téléfilm du samedi soir de notre chaîne régionale. On y retrouve les mêmes ingrédients. En premiers lieux, les beaux paysages de la France profonde; ici les belles montagnes du Diois, dans la Drôme avec ses routes panoramiques et zigzagantes. Ensuite, il y a un métier qu'on ne voit plus dans les grandes villes; ici il s'agit d'une épicerie de village qui avec une camionnette fait les tournées des villages d'altitude apportant aux petits vieux excentrés les aliments dont ils ont besoin. Un commerce de proximité à l'état pur.
Il y a aussi des caractères forts, des personnages typiques et authentiques, des personnages du cru. Ici, il y a Lucienne (magnifiquement interprétée par Lilianne Rovère) une vieille mégère râleuse mais qui a un bon fond et puis il y a le Père Clément (le touchant Paul Crauchet), un bon vieux qui végète en solitaire dans sa ferme à l'abandon. Tous les deux sont d'une truculence magnifique : le verbe haut, des expressions hautes en couleurs. A côté, il y a le bourru épicier (Daniel Duval, égal à lui même), cardiaque mais qui n'admet pas ses faiblesses et en fait subir les conséquences à toute sa famille. A commencer par son fils Antoine, le paria de la famille, celui qui a fuit le pays, qui a fuit ses obligations; le vilain petit canard. Les relations entre le père et Antoine sont des joutes de males dominants; forcément, ils sont tellement semblables ces deux là.
Antoine s'est exilé à la capitale pour mieux réussir. Mais il s'agit plus une fuite de son père. Contraint et forcé et pour offrir quelques moments de tranquillité à la fille qu'il convoitise, il se retrouve à jouer l'épicier et va redécouvrir que le bonheur est dans le pré. Le retour du fils prodigue. La rédemption de l'enfant égaré par les bonnes valeurs des campagnes.
Ce sont les thèmes ultra rabâchés, que traite ce petit film sensible. Ca pourrait être mièvre mais le réalisateur réussit à insuffler suffisamment de vitalité et de sensibilité pour éviter les écueils de trop de sensiblerie. La réussite vient, en grande partie, des acteurs qui prennent leur rôle à bras le corps avec sauvagerie presque et qui ne donne pas cette impression souvent désagréable de fausseté (un acteur jouant le provincial). Je me suis trouvé complètement époustouflé par la performance de Clotilde Hesme, rayonnante de simplicité et de naturel (une nouvelle Cécile de France). Il y a aussi la sauvagerie de Nicolas Cazalé : une force mal dégrossie dans un corps de petit garçon (et quel corps).
Bref, un bon moment de cinéma qui m'a rappelé « L'hirondelle ne fait pas le printemps » avec la passion d'un réalisateur qui aime sa région en plus.
Le fils de l'épicier - Eric Guirado

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