25.9.07

American Pie

Encore une comédie romantique à l'américaine? Oui mais non, pas tout à fait.
Jenna est serveuse au Joe's Diner. Elle incarne la gentillesse et la douceur et ses tartes dont elle a le secret font fureur parmi la clientèle de cette ville du fin fond de l'Amérique. Mais derrière ses côtés un peu lisse, cette jeune femme n'est pas très heureuse. Elle se coltine un mari odieux, macho, égoïste et un brin violent. Son plus grand rêve est de quitter ce malotru et de vivre sa vie, au milieu de ses tartes. Oui mais voila, la vie n'est pas toujours ce qu'on voudrait. Et Jenna tombe enceinte. Et elle n'avait vraiment pas besoin de ça, la pauvre Jenna. Comme elle est bonne citoyenne américaine, elle refuse d'avorter mais décide de cacher sa grossesse à son mari avec dans l'idée de se faire la belle le plus vite possible. Lors d'une visite chez son médecin, Jenna rencontre un jeune et charmant gynécologue un peu empoté dont elle tombe amoureuse. Le problème, c'est que garçon là est aussi un homme marié...
Un homme, une femme et plein de chabadabada. Une histoire d'amour impossible pour les bonnes moeurs des bonnes gens bien pensants. Si le schéma de base de la comédie romantique bateau est respecté, les tenants et les aboutissants de l'idylle sont par contre inattendus. La violence physique et psychologique du couple a été rarement montrée dans toute sa brutalité quotidienne. D'ailleurs, Jeremy Sisto (le frère déjanté de Brenda dans Six Feet Under) est détestable à souhait dans son interprétation du mari macho. Les rapports de la future mère avec son futur enfant qu'elle ne désire pas sont aussi détonants : dans une lettre fictive qu'elle lui adresse, Jenna lui avoue, en gros, "tu es là; je ne t'ai pas voulu; je te garde parce que je n'au pas le choix mais tu es un boulet pour moi dans ma décision de changer de vie". On se dit : "ouah, il ne part pas bien dans la vie ce futur bébé là". Le traitement de la liaison torride avec le jeune médecin est aussi étonnante : Jenna se lâche complètement et librement dans ces rapports avant tout basés sur le sexe (ah le piquant comique de ces scènes dans le cabinet médical). On lui dit pour la première fois qu'elle est belle et désirable, il ne lui en faut pas plus pour prendre conscience qu'elle n'est pas un objet qui appartient à son mari comme le serait la télévision ou le grille pain du foyer. Sa vie prend enfin un sens pour elle. Cette prise de conscience se faisant au rythme de sa grossesse, la relation mère enfant évolue. Cet enfant sera sa bouée de sauvetage, son passeport pour sa liberté. Il est cependant dommage que le film se termine sur une fin conventionnelle, tout est bien qui finit bien.
Une comédie aigre-douce, donc à l'image des tartes que Jenna élabore et qui sont le reflet de ses états d'âme. Par exemple la tarte évoquant Earl, son mari, est composée de mures et de framboises grossièrement écrasées et noyées de chocolat noir et amer; la tarte que lui inspire sa première fois avec le médecin est composée d'un lit de vanille auquel elle ajoute, en rougissant, une banane entière.
Ce film doit beaucoup à l'interprétation pétillante de Keri Russel, petit bon acidulé d'une douceur avenante mais qui laisse un petit goût acide. Elle illumine l'écran par sa présence timide et chaleureuse.
Ce film a déjà quasiment disparu des écrans, à l'heure où j'écris ce petit charabia. Il n'aura sans doute pas trouvé son public. C'est bien dommage, il méritait vraiment le coup d'oeil.
Waitress de (et avec) Adrienne Shelly

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