4.6.08

Au bout des surprises.

Il m'avait dit qu'il m'emmènerait dans un endroit surprise pour mon anniversaire. Un endroit charmant. Un endroit à 130 kilomètres de Paris.
J'étais content parce que j'aime bien les surprises. J'étais inquiet parce que ce jour là je travaillais.
Il m'a rassuré. Il avait tout calculé. Son TomTom l'avait confirmé. C'était jouable. Et si nous partions à 9h00, on aurait même le temps de manger et de revenir à Chatillon pour aller travailler.
Je n'ai pas cherché plus loin. J'étais même très pressé de voir où il m'emmenait. Le dimanche matin, à 7h30, je le chassais du lit pour qu'on parte le plus tôt possible. Tout était prêt : l'appareil photo et mon stylo.
Il m'a dit qu'il gardait le secret jusqu'au bout. Et jusqu'à 25 km de l'arrivée, je ne savais pas où j'allais atterrir.
Les paysages urbains du 92 puis du 78 se sont progressivement effacés pour laisser place à des champs de blé, des bois et des fourrés. Le soleil brillait et si je tendais bien l'oreille, au dessus du bruit démoniaque du moteur de la 106, je suis sûr que je pouvais entendre les moineaux piailler. On filait allègrement sur la Nationale 12. Nous étions les rois de la route. Et puis, dans le lointain, sur l'horizon, les tours d'un château ou d'une église, je ne savais pas trop, se sont dessinées. J'ai fait "ho, c'est beau". Le Sage a souri et m'a dit que c'est là que nous allions. C'était Verneuil Sur Avre. Verneuil Sur Avre? Pourquoi donc cet endroit? C'est une ville que je connaissais de nom parce qu'un de mes oncles y avait une boucherie.
Il m'a dit que l'endroit l'avait impressionné quelques semaines plus tôt lorsqu'il rentrait de la Sarthe. Qu'il était certain que la ville me plairait.
Je me suis dit que ça aurait été mieux si on avait pu passer la journée complète mais je n'allais pas laisser passer l'occasion de faire chauffer mon appareil photo.
On a commencé la visite de la ville qui était en effet super jolie. L'église Ste Madeleine et sa tour impressionnante, les ruines du château et celle de l'église St Vincent, la vieille ville avec ses maisons en colombage et leurs façades en damier, les hôtels particuliers, les bords de l'Iton. Je savais notre temps compter, il fallait donc marcher d'un pas alerte. Entre deux monuments à voir, je passais un coup de fil à maman pour lui souhaiter une bonne fête et lui raconter où je me trouvais. Elle m'a un peu expédié, mais comme elle était sur la route pour aller chez une amie à elle, je n'ai pas prêté attention.
Vers 11h30, le Sage m'a dit qu'il fallait retourner vers la place principale pour visiter le reste de la ville. J'avais bien vu que les affichages de la visite de la ville allaient dans le sens inverse, mais encore une fois, docile, je l'ai suivi. Nous sommes donc arrivé sur la place de l'église Ste Madeleine, là où nous avions garé la voiture. Les cloches qui appelaient les fidèles à la messe dominicale venaient de s'arrêter de sonner. Un groupe d'une petite dizaine de personnes attendait devant l'entrée. Il y avait une poussette avec un bébé. Je me suis dit qu'il devait y avoir un baptême à l'issue de la messe. Je continuais ma route, en direction du clocher d'une autre église que j'apercevais au loin.
Il m'a rappelé pour me faire voir quelque chose. Il souriait étrangement comme si il préparait un coup pendable. Il regardait dans la direction du groupe de personne et se dirigeait vers eux.
Je me suis dit qu'il était bien étrange le Sage. Ce n'est que lorsque j'ai pris la même direction que lui, que je les ai reconnu. Ma mère, mon père, ma soeur, son mari et les quatre enfants étaient là devant moi. Mon père prenait des photos. Quand j'ai commencé à réaliser ce qui se passait, je me suis retourné vers le Sage et je me serais jeté dans ses bras en pleurant comme une madeleine, si j'avais osé le faire.
La vraie surprise. Ils avaient fait toute cette route pour venir me souhaiter mon anniversaire. J'étais heureux comme jamais. En 35 ans de carrière sur cette bonne vieille Terre, on ne m'avait jamais fait une telle surprise. Au fil des minutes suivantes, je me suis rendu compte que tout avait été orchestré de main de maître par mon Sage, sans que je me doute de quoi que ce soit.
Il nous a emmené dans un restaurant de la place qu'il avait réservé. La serveuse m'a souhaiter un bon anniversaire en arrivant. Je n'en pouvais plus de rougir comme un adolescent. En même temps, c'est un peu l'état d'esprit où je me trouvais. Elle m'a demandé mon âge pour qu'elle prépare le gâteau (j'ai failli écrire le gâteux. Lapsus révélateur?). J'ai regardé le Sage et je lui ai demandé d'une voix suppliante : oh non ! pas le gâteau d'anniversaire ! J'ai vu traverser dans ma tête les scènes cauchemardesques du gâteau d'anniversaire dans les restaurants Flunch des zones commerciales périphériques, avec la musique bien forte et tous les serveurs en rang d'oignons qui vous chantent faussement Happy birthday to you. Il a bien vu à quoi je pensais le Sage et ça l'a bien fait rigolé, le saligaud.
Une fois que l'apéritif fut servi, le Sage m'a mis entre les mains un énorme carton, entouré de scotch trop collant. A l'intérieur, il y avait des tonnes de paquets, enveloppés de bleu. Il y en avait de toutes les tailles. On m'a demandé d'ouvrir le plus gros en premier. L'ultime surprise s'y cachait. Un Olympus E-510 avec une batterie d'objectifs.
Il m'a dit qu'à partir de maintenant, la photographie deviendrait vraiment du sérieux et que je n'aurait plus d'excuses pour ne pas m'y atteler sérieusement.
A la fin du repas, j'ai eu le droit à mon gâteau d'anniversaire avec des bougies dessus. Il n'y a pas eu de musique mais la serveuse m'a tout de même chanté "joyeux anniversaire" mais pas trop fort pour ne pas déranger les autres clients.
Je peux vous dire que le plus difficile pour moi a été de devoir remonter dans la voiture; reprendre la route pour aller travailler. Ma motivation était de l'ordre du zéro sur mon échelle d'engagement professionnel. J'aurais voulu rester jusqu'au bout avec eux tous; en profiter jusqu'au bout. Mais il a fallu les laisser. Ils n'avaient pas fini le café. Et moi, moi, je devais trouver toute la force pour me convaincre d'aller travailler en ce dimanche si particulier.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

:)))) !!

lelapingivré a dit…

c'est mon premier passage ici - mais je crois que je vais bien aimer !
et quel bel anniversaire...

Eric a dit…

Merci pour ce commentaire et bienvenu ici.
Ce fut et ça sera en effet une journée inoubliable que ce 25 mai