27.11.08

Diane Dufresne aux Bouffes du Nord

J'avais d'elle une image d'excentrique échevelée. Une Brigitte Fontaine québécoise en plus stylée. J'avoue que je ne connais pas très bien son répertoire. J'étais même certain qu'elle avait due chanter dans une des nombreuses versions de Starmania. Je ne sais pas pourquoi, je la voyais bien interpréter Stone, le monde est stone !
Le Sage, dans sa grande générosité d'âme, tenait à me faire découvrir cette chanteuse pétulante. Il m'en a, bien entendu, vanté tous les mérites. Sa classe, sa folie douce, sa prestance, sa gouaille. Il était sûr que la découvrir sur scène, c'était l'aimer sans plus aucune retenue. J'avais un peu de mal à imaginer cela surtout après l'écoute d'un de ses standards sur Deezer. Mais bon, je suis sans à priori et puis, un petit concert, un samedi soir, aux Bouffes du Nord, ça ne se refuse pas.
Elle est arrivée sur scène telle une diva, très digne et cérémonieuse mais avec une pointe d'excentricité, dans les cheveux justement qu'elle avait truffé de roses rouges. Toute en fausse modestie humble devant l'ouragan d'applaudissements du public (il y en avait des mordus dans la salle), elle était visiblement heureuse de cet accueil chaleureux.
J'ai été surpris par cette entrée. Elle a chanté quatre ou cinq chansons, plantée au milieu de la scène. Où était la bête de scène que je m'étais imaginée? J'avais l'impression d'assister à une performance sans âme. Elle communiquait beaucoup avec le public mais on sentait que tout était préparé, emballé, calibré, sans la moindre once d'improvisation et de naturelle. A la fin de cette série de chansons, toutes issues de son dernier album, elle s'est éclipsée de la scène pendant que les fans, en furie, tapaient des pieds et des mains, en hurlant des bravos de loups désespérés.
Au bout de cinq minutes de cris acharnés, la diva est revenue sur scène. Métamorphosée. La jupe, retroussée jusqu'en haut des cuisses, laissait apparaître ses jambes longues et fines (jambes qu'elle a encore fort jolies pour ses 64 ans assumés pleinement). Elle lance des regards de coin, coquins. Elle se fait canaille, amoureuse populaire et généreuse au langage fleuri. Elle chante Kurt Weill; des histoires d'amour malheureuses, excessives. On dirait ces paroles écrites pour elle. Elle habite ces chansons dans le moindre de ses déhanchements. Elle réussit à faire vivre la scène nue et dépenaillée des Bouffes du Nord. L'excentrique s'est réveillée.
Pendant une heure et demie, elle se livrera à son public. Des petits mots touchants, des confessions, ses peurs pour le futur (thème principal de son dernier album), elle parle, elle chante, elle émeut. On l'applaudit à tout rompre. Des standing ovation à n'en plus finir, des bouquets de fleurs par dizaine. Et elle qui refuse modestement tout cet amour. Elle nous aime. C'est elle qui doit nous remercier pour la faire vivre de tout cet engouement. Le public est sa force, sa raison de chanter. Elle nous demande de vivre le moment présent comme si c'était le dernier. Le public réagit avec passion. Un dernier salut. Une dernière embrassade et la chanteuse disparait dans les coulisses du théâtre. Le public se retire silencieusement, religieusement, toujours envouté, encore sous le charme. Et dans la tête, des dessous chics que continuent à fredonner le Sage...
Diane Dufresne aux Bouffes du Nord (vu le 15/11/2008)

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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Non, Diane Dufresne a créé le rôle de Stella Spotlight, une actrice en manque de célébrité, dans la toute première version de Starmania, il y a trente ans. Elle y interprétait, entre autres, Les Adieux d'un Sex-Symbol.
J'avais vu Diane Dufresne en 2003 ou 2004, je ne sais plus, et j'avais aussi été surpris d'une entrée plutôt classe, pas tellement excentrique... Puis le show était devenu plus rock, avec une deuxième partie endiablée...
Sais-tu qu'au début des années 70, la belle s'était fait remarquer en simulant sur scène un orgasme... avec le Christ!
Oui, Madonna et consœurs n'ont qu'à bien se tenir face à leur ainée! ;-)