19.11.04

Petits plaisirs simples

Par ce froid matin, je suis parti faire mes courses au marché de la Place des Fêtes.
Il faisait froid, mais le soleil pâle et quasi hivernal baignait de sa douce chaleur cette froide atmosphère.

Je commençais par me rendre chez mon fromager machecoulais parisien préféré… Quelle joie de retrouver ce jeune et charmant vendeur qui flatte sur chaque produit que je choisis… Le curé Nantais : "Humm excellent choix" ; le vacherin fermier : "je vois que monsieur est connaisseur et en plus c’est la pleine saison…" ; Un gruyère d’alpage : " vous m’en direz des nouvelles ; il est très fruité avec un petit croquant salé, vous verrez…"
Je suis reparti avec deux yaourts gratuits : "c’est cadeau de la maison…".

Le cœur léger et les narines shootées aux odeurs de fromage, je me rends d’un pas alerte vers le marché.
Les gens sont souriants et détendus, il me semble… Ou peut-être que c’est moi qui vois toutes ces personnes d’un œil différent… Je ne sais pas… Tout ce que je sais, c’est que j’ai le droit à quelques sourires, un bonjour (eh oui ! un bonjour !!!) et un excusez-moi d’une dame âgée qui semblait presque humaine du coup !

Sur le marché, je me dirige vers le poissonnier.
Autre marchand, autres odeurs… Mais les vendeurs nombreux et très efficaces sont souriants aussi…
Décidemment la dernière fois, je suis passé à côté de personnes charmantes sans m’en rendre compte… Voilà ce que c’est d’être trop pressé… Apprends à goûter la vie, Alexandre… c’est pas quand tu seras mort que tu pourras le faire.
Sur cet étal, c’est un peu la foire d’empoigne… il n’y a pas de sens de queue et les gens sont un peu plus sur les nerfs mais bon j’attends patiemment mon tour (je laisse même mon tour à une petite chose toute ridée et courbée).
Je vois mon filet de saumon qui me fait de l’œil, aguicheur, indécemment rose… Je me dis : toi ! Tu vas m’appartenir et je sens qu’il en a très envie aussi… Avec un grand sourire de connivence, la vendeuse me dit : "c’est le dernier… En plus c’est du sauvage…". Je ne tiens plus là ! Je lui tends l’argent et je m’en vais triomphant avec mon long et beau filet…

Juste à côté, je vois des clémentines acidulées. Elles sont rondes et fermes. Elles seront parfaites pour mon dessert.

Il me reste les légumes. J’ai le temps. Je vais faire le tour des marchands. Comparer, observer, écouter. Envie d’essayer et de voir d’autres personnes, même si , en même temps, j’ai très envie de voir Karim et ses légumes.
Au détour du marché, j’entends une voix gouailleuse et roque, qui vante les légumes de sa tante Germaine. La voix me plait bien. Je regarde la vendeuse : une grande dame mince avec un bonnet de laine bleu et blanc. Elle est drôle physiquement et en plus pleine d’humour… Elle me plait bien cette dame. Je scrute maintenant son étal. Il est hétéroclite : des légumes courants mêlés à des légumes que je ne connais pas… Ah ! Il y a des topinambours… Je m’insère donc dans la queue, attendant mon tour. La vendeuse qui est seule prend son temps pour servir ses clientes (surtout des mamies habituées à la vendeuse). Elle leur parle de ses légumes, de ses fruits… Elle a toujours une anecdote rigolote… Elle charme cette dame… Je me demande d’ailleurs si ce n’est pas sur cet étal que F. achètait ses légumes bizarroïdes…
C’est mon tour… Elle charrie un peu sur le fait que tout le monde achète des topinambours en ce moment… Elle me dit qu’il doit y avoir beaucoup de recettes avec ce tubercule en ce moment dans les magasines féminins… Je ne peux que lui confirmer que c’est la première fois que j’en achète et que c’est effectivement pour une recette… Elle me dit que c’est tant mieux parce que c’est un légume excellent… Elle est sympathique. Je lui achète aussi mes endives et mes herbes fraîches ainsi que des kiwis… Tant pis pour Karim et ses légumes…
Je me suis refusé de m'arrêter devant le fleuriste et ses roses multicolores... Je n'ai plus de sous... Dommage, elles étaient belles ces roses multicolores.

Voila maintenant une bonne heure que j’ai quitté l’appartement pour faire mes courses fraîches… Je n’ai pas vu le temps passé…
Un petit coup d’œil sur l’étal des Beurs… Sur les vendeurs surtout…
Et je rentre heureux par toutes ces petites joies que je viens de vivre… Qu’il est loin le boulot… Je suis bien là maintenant ! Pas de stress ! Heureux d’être là, à ce moment là… Tellement bien que j’ai le cœur qui me fait des petits trucs de contentement comme à chaque fois que je suis content… Des petits picotements qui me font monter parfois quelques larmes de joie dans mes grands yeux verts…

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