4.4.05

Million K.O. Baby



Critiques dithyrambiques. Quatre Oscar en poche, et pas des moindres. Bouche à oreilles très positif. Un film à voir; à ne pas manquer sous peine de passer pour un amateur de Max Pecas. Mais, tout de même, avant d'aller voir ce film, je me demandais bien où pouvait se nicher la faille, le vis de forme qui ferait que ce film n'est pas aussi génial qu'on le dit. "Faut toujours se méfier de ce qu'aime Télérama"- Dixit, un p'tit Bébé à moi.
Donc, ce soir, après 8 heures de travail acharné (pfff, c'est pô une vie en ce moment...), je me suis dit qu'une toile me ferait du bien. Me voici devant le Gaumont Parnasse, mon fournisseur officiel de films d'après-le-travail-parce-que-c'est-pas-loin-du-boulot. Il est 16h05, je n'ai pas envie d'attendre une séance de 17h00 donc le choix se limite à trois films. Le "Million Dollar Baby", "Hitch, expert en séduction" et "Tout pour plaire". Il y en a un que je vais aller voir avec un ami, un autre que j'ai pas envie de voir et l'autre... Ben j'y suis allé.

Une jeune trentenaire paumée a un rêve : I have a dream, dit elle... I want to boxe and become like a Rocky but with a queue de cheval. Mais, le soucis, c'est qu'elle est nulle en boxe. Il faut la voir taper avec ces petits poings sur le sac de sable, raide comme un piquet. Elle est peut-être nulle mais elle a une volonté en béton armé et machoire carrée. Elle veut devenir boxeuse et va tout faire pour le devenir. Elle jette son dévolu sur un vieil entraineur usé et bougon et qui n'entraîne pas les filles : I'm not training Rocky with a queue de cheval and toc !
Et il en démord pas. Heureusement, il y a un bon samaritain, noir et borgne. Et il est gentil, mais gentil... Vraiment, le coeur sur la main, c't'homme là. Il va jouer les entremetteurs et les deux vont pouvoir s'apprivoiser dans la sueur et les efforts, sur les rings et sur les punching ball.
Une double relation va se créer entre les deux : une relation maître-élève (mais qui est l'élève de l'autre?) et une relation père-fille. Maggie retrouve en Frankie son père trop tôt disparu et lui retrouve en la jeune fille, sa fille avec qu'il ne voit plus. Il va aider la jeune battante, à l'uppercut super développé, à réaliser son rêve... Jusqu'au bout du cauchemar.
Clint Eastwood campe encore une fois un personnage de bougon, grincheux mais au grand coeur; et il le fait très bien. Ce charmant jeune homme de 75 ans a encore un regard qui vous électrise; un sourire qui vous plonge dans le coma illico et la démarche chaloupée d'un jeune premier. Et en plus, il a un point commun avec moi : il aime la tarte au citron meringuée.
Morgan Freeman nous refait pour la énième fois le bon gars, pourfendeur des injustices raciales, sociales et ménagères. Il a presque une dimension apostolique dans ce film : il est la voix off qui raconte le film qui se trouve être, en réalité, la lecture d'un courrier qu'il a écrit, délivrant les bienfaits du grand Frankie comme autant de qualités indiquant les chemins que doit emprunter un grand homme pour devenir un grand Frankie. Dans son prochain film, je le vois bien jouer l'Abbé Pierre. Mais on a, tout de même, envie de le secouer, histoire de lui ouvrir le seul oeil qui lui reste et de lui montrer que le monde n'est ni blanc ni noir mais avec une multitude de nuances de gris.
Et puis, il y a Hilary Swank. Ah Hilary Swank! Elle est époustouflante d'un bout à l'autre du film même quand elle se prend des pains dans la figure (et elle s'en prend un certain nombre pendant le film); même à la fin du film étonnant. Elle reste digne même dans les pires moments. Elle ne pleure pas : c'était l'une des conditions de Frankie : I don't want a girl who cry like children. Elle a un caractère fort et malgré toute l'admiration qu'elle porte à son entraîneur, elle n'hésite pas à le repousser jusque dans ses derniers retranchements de mâle viril.
Eastwood signe encore une fois un film d'une grande douceur malgré la violence du sport qui est mis à l'honneur : il filme les combats comme des chorégraphies modernes sans pour autant cacher la réalité saignante de ce sport. Il joue avec la corde sensible mais sans pour autant tomber dans le pathos; même cette fin de film étonnante pour un film américain (surtout au vue d'un scandale récent dans l'actualité U.S. sur l'euthanasie). Elle est triste, cette fin, mais ça ne va pas jusqu'au-boutisme larmoyant. Il y a eu des reniflements pendant la séances et des yeux rouges à la sortie du film, mais j'ai l'impression que Eastwood n'a pas allourdi l'ambiance pour ne faire du mélo gratuit, pour ne pas engoncer son propos.
Comme dans "Un monde parfait" ou dans "Impitoyable" (ce sont les seuls films que je connais d'Eastwood), il montre une très grande maîtrise de la mise en scène et de l'image avec un éclairage en clair obscur magnifique. Il filme joliement le physique assez particulier d'Hilary Swank. La façon de filmer le gymnase où Maggie s'entraine, est magistrale.
Bref, tout cela pour dire que les critiques ne sont pas usurpées. Les Oscars sont mérités (quoi que pour Morgan Freeman...). Le bouche à oreilles va s'amplifier et s'amplifier parce que ce film est beau esthétiquement; beau dans le sujet; beau dans ses personnages. Beau, c'est tout. Beau, tout court.

Million Dollar Baby de Clint Eastwood

2 commentaires:

Anonyme a dit…

euhh bahh moi en français je dirai que je suis tout à fait d'accord, une belle émotion j'ai ressenti avec ce film!

Eric a dit…

C'est bien de le dire en Français aussi...