26.6.05

Après midi d'orage

Avançant dans un galop fougueux, les nuages noirs étendaient leurs sombres nuées sur le ciel de Paris, chauffé à blanc par les rayons d'un soleil implacable. En ruades désordonnées, ils se lançaient à l'assault d'un après-midi d'été immobile dans sa torpeur échaudée.
Tels des dragons, ils jettaient leur souffles chauds et chargés de souffre dans les rues, soulevant les poussières d'un été assoiffé. Tels des chevaux à la robe noire frappant frénétiquement les roches dures, ils jettaient des étincelles par centaine et renaclaient bruyammant, annonçant leur seigneur et maître, l'Orage.
En quelques minutes, ils transformèrent cette journée lumineuse en nuit crépusculaire annonciatrice d'un déluge de fin du monde. En grondant sourdement, intensément, la masse informe du maître Zeus lâcha toute sa hargne, foudroyant les plus hauts toits, les plus hauts arbres; déversant sa bile colérique en murs de grosses et larges gouttes de pluie et de lourds grêlons, soufflant sa rage sur la ville qui courbait l'échine en silence sous ses coups de boutoire, attendant que le temps passe.
Comme un despote, il imposa sa force de la nature, purifiant énergiquement et égoïstement les rues de la ville; emportant, engloutissant sous des trombes diluviennes vers les entrailles des égouts affamés, les noirceurs paresseuses et polluées de la ville assommée par deux semaines de feu solaire.
Mais aussi vite qu'il était passé, toujours devancé par son armée éthérée de Huns, il s'en est allé vers d'autres cieux, poursuivant ailleurs une chimérique ennemie de sa colère impétueuse. Abandonnant une ville exsangue, délavée et noyée, exhalant les odeurs de de l'ozone, du souffre et de la terre. Une ville pourtant déjà prête à la renaissance, profitant de cette fraicheur vivifiante laissée par le Tonitruant. Déjà, les carapaces toilées se referment; les oiseaux lancent leurs premières vrilles; des odeurs musquées et boisées chatouillent délicieusement les narines des humains rafraîchis.

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