21.12.05

Le beau verbe

Hier matin, dans le métro, en me rendant à ma prison carcérale et quotidienne qui me tient lieu de travail actuellement, deux sans abris s'invectivaient copieusement, chacun sur son quai. Ayant mes oreillettes dans les oreilles (héhéhé : une bonne vérité de Lapalisse, ça) qui me soufflaient délicieusement du James Blunt dans mon cerveau (il faut se mettre en condition quand on va vers le milieu carcéral qui me sert de travail actuellement), je n'ai d'abord pas prêté attention aux paroles fortes qui étaient échangées, me disant qu'il s'agissait là qu'une querelle alcoolisée comme on en entend souvent dans le métro. Pourtant, au bout d'un moment, j'ai remarqué que mes futurs compagnons de transports en commun avaient tous le sourire aux lèvres, voir le rire fendu sur le visage de certain. Etait-ce de la moquerie?
En bon voyeur (et entendeur, salut) que je suis, j'ai donc daigné mettre en sourdine la voix doucereuse de James qui me sussurait pourtant "you're beautiful, it's true", pour écouter l'échange éthyllique des deux gugusses chancelants. Quel grand bien m'a pris.
Loin des propos grossiers habituels de ce genre d'altercation, les deux hommes s'insultaient de façon très originale, avec des mots très imagés :
Pied Niquelé n°1 : Fils de chiendent...
Pied Niquelé n°2 : Cacatoès...
Pied Niquelé n°1 : Tu pues de la bouche de métro...
Pied Niquelé n°2 : Suceur de cul de bouteille...
Mais le métro est arrivé, trop vite. Et le brouhaha mécanique a couvert les verbes hauts.
J'ai donc réinstallé James, bien vissé sur ma tête mais hélas, il me disait déjà " goodbye my lover, goodbye my friend ". Le temps des illusions passent si vite parfois...

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