16.2.06

De l'art et la manière...

... De se mêler des choses qui ne me regardent pas.
Mais les poules auront-elles des dents avant que je sache me mêler de mes affaires? A force de vouloir être trop gentil, je récolte les moissons de la galère. Ou trop bon trop con. C'est selon.
Pourquoi vouloir aider des inconnus à tout prix alors que je ne suis pas assistant social? Au travail, je n'arrive pas à faire des refus aux personnes qui sont dans un besoin réel. Je ne conçois pas de répondre par une réponse formatée et inhumaine : "c'est votre contrat. Je ne suis pas un service social". Non, ça je ne peux pas. Je ne suis pas une machine. Je pense apporter un plus en donnant des pistes de recherche d'aide à ces personnes. Juste des pistes. Pas plus. Juste des éléments qui me viennent de mon expérience du fonctionnement des services sociaux français. Vraiment pas plus.
Il y a quelques jours, ayant fait un refus d'assistance à la fille d'une adhérente, je lui conseille de se rapprocher de la caisse de retraite et de la caisse de Sécurité Sociale de l'adhérente pour voir si elle ne pourrait pas obtenir l'aide qu'elle n'avait pas réussi à obtenir chez nous. Jusque là rien d'anormal. Cependant, aujourd'hui, cette même fille me rappelle, furieuse. Je l'aurais aiguillé vers des "cul de sac" et qu'elle a dû dépenser des fortunes en communications téléphoniques pour appeler ces administrations françaises qui sont, comme tout le monde le sait "qu'un ramassis d'incompétents". Je me suis vu taxé d'incompétent et d'usurpateur. Effectivement, "de quel droit, je peux conseiller les gens alors que je ne suis qu'une pauvre merde avec un téléphone et pas un assistant social". Et pour tout cela, elle m'a demandé le remboursement de tous les appels téléphoniques qu'elle a dû passer par ma faute; elle a bien sûr contacter son avocat qui exige que je puisse mettre en place l'aide qu'elle estime avoir droit; et bien sûr (leïtmotiv obligatoire) elle portera plainte contre la mutuelle pour non assistance à personne en danger. Je me mets rarement en colère au travail. Mais cette femme, qui agissait ainsi par désespoir pour sa mère (réellement dans le besoin), a dépassé les limites de ma patience fortement atteinte par les journées exténuantes de la semaine passée et j'ai hurlé plus fort qu'elle. J'ai perdu toute retenue et toute patience; à la limite du correcte (la limite que je juge correcte, plus exactement). Je n'ai pas pu me contrôler. Ca n'a duré que dix minutes cette conversation mais elle fut intense. Finalement, à bout de nerf, elle a fini par raccrocher en me lâchant "vous pouvez être fier ! Vous aurez la mort de ma mère sur la conscience".
Impardonnable ! Cette appel me donne envie d'être intraitable et de devenir le pire des Terminator. Pas de cadeaux ! Pour personne... Mais je ne suis pas comme ça. Je ne peux contrôler ce que je suis naturellement. Et dès l'appel suivant, je recommençais à conseiller cette pauvre dame qui venait d'apprendre la pire nouvelle qui soit.
Parfois, je hais mon métier.

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