22.2.06

Jour de vérité.

Il y a des jours où il faut savoir exprimer son mal-être. C'est, pour moi, déjà assez difficile de l'exprimer à mes intimes sur ma vie privée, mais je crois que c'est mission imposible pour exprimer celui du travail. Mais je crois bien avoir dépassé les bornes du psychologiquement supportable depuis quelque temps. C'est devenu intolérable pour moi d'aller travailler avec une cet élancement qui me barrait le ventre; insupportable de somatiser mon stress à coup de marteau piqueur dans la tête; impardonnable de devenir aussi aigri. A ce rythme là, c'était la crise cardiaque avant mes 35 ans.
Il fallait agir. Cela devanait salutaire.
Ce jour avait lieu la grand' messe annuel pour moi. L'Entretien Annuel de Développement Professionnel (ou EADP dans le jargon) avec mon S+1 (ou supérieur hierarchique direct, toujours dans le même jargon). C'était le moment idéal pour vider mon sac. Je le sais mais j'avais la trouille de le faire. Pas évident d'étaler ses faiblesses devant un supérieur, surtout quand on est réservé et pudique comme je le suis. Mais merde, me suis-je dis, à un moment, il faut avoir les couilles de dire ce qui ne va pas. Depuis le début de la semaine, je m'auto-motive, aidé en cela par le Sage Chéri. Mais la tension interne devenait trop forte. Ce matin, mon ventre devait être aussi dur qu'une plaque de ciment, j'étais anxieux et complètement fébrile. Dans ces moments là, je réagis sous deux formes : soit je suis complètement découragé et amorphe; soit je me motive en me mettant (tout seul) en colère mais là c'est terrible parce que du coup, j'en veux à la terre entière et je n'arrive plus à contrôler quoi que ce soit... Soit le meilleur moyen de faire (et dire) des conneries.
Contrôle toi pour contrôler tes arguments.
Travail de longue haleine. Il a fallu préparer un minimum cet entretien. Ce travail a finalement rempli trois pages et en dernier (et ultime) argument (en cas de non récéption de ce que j'avais à dire), j'avais noté : "il est clair que dans ces conditions, j'envisage une démission."
14h00. Début du match.
Qui n'en fut pas un d'ailleurs. Mon S+1 (personne que j'apprécie d'ailleurs beaucoup) m'a tout de suite laissé la parole pour que j'expose comment j'avais ressenti l'année passée. Et avec le plus grand naturel et avec tranquillité, j'ai vidé mon sac. Mon mal-être, ma fatigue, le stress, le manque de considération et de reconnaissance, mon isolement face au reste de l'équipe. Au fur et à mesure que je me vidais (c'est vraiment ce qui s'est passé, je crois), je voyais le visage de mon interlocuteur se figer puis s'allonger dans la surprise de ce qu'il entendait. Il ne s'y attendait pas. Il me croyait super solide. Un pillier fort de l'équipe. C'est bien là qu'il n'avait rien compris. Je suis sans doute un pillier de l'équipe mais ce n'est pas moi par rapport à l'équipe qui pose problème c'est mon positionnement dans mon travail.
Ce qui a été agréable c'est que (pour une fois) j'ai vraiment eu l'impression d'être écouté et sa réaction de surprise et l'expression de son soutien sans borne m'a rassuré. Et m'a fait malgré tout extrèmement plaisir. Je crois bien qu'il a compris sans que j'ai à l'exprimer que si ma situation n'évoluait pas rapidement, je m'envolais vers d'autres lieux.
Le sac s'est vidé. En sortant de la salle, j'ai eu les jambes qui ont flageollé. La pression était retombée. Je me suis un peu plus détendu mais on n'efface pas six mois de stress intense en une heure de mise au point.
So now, wait and see. Six monthes, not one more.

1 commentaire:

Eltan a dit…

Cela fait toujours du bien d'evacuer ses frustrations. Au moins maintenant rendez vous est pris