23.2.06

Place du Trocadéro - 18h30

Je me retrouve, ce soir, dans ce petit café de la place du Trocadéro, à deux pas de la Tour Eiffel illuminée. Tranquillement installé sur une banquette beige délavée, tranquillement, en tête à tête avec une belle blonde au goût amer. Prendre mon temps, tout simplement. Luxe inestimable ces derniers temps. Prendre mon temps. Me poser là, comme ça, en attendant l'arrivée du Sage E. qui vient juste de m'appeler.
C'est bon ce moment là. Il y a encore une heure, je me trouvais au travail et maintenant, je suis assis parmi les touristes oisifs, venus se réchauffer des morsures du froid de ce début de soirée. Un brouhaha multilingue. Une vraie Tour de Babel, avec en fond sonore, les notes d'une radio commerciale.
A deux tables de moi, deux jeunes filles viennent de se retrouver autour d'un chocolat chaud et d'un café (allongé). Elles fument (beaucoup) et rient (très fort). Une d'elle, pull en laine angora rose et boucles d'oreille à l'antique, m'intrigue. Elle resemble un peu à la Virna de Rafaele, mais en version cheveux blonds. Mais avec le même regard noir et intense. Je ne peux m'empêcher de la regarder. Elle est jolie. Mais elle parle fort. Involontairement j'entends tout de ces déboires amoureux (un brin compliqué son mec). Elle croise mon regard. Elle me sourit avec ses yeux pétillants. Elle sait que j'entends mais n'en semble pourtant pas génée. Elle ne m'épargne aucun détails.
A une autre table, une grande fille toute en jeans, le téléphone portable greffé à l'oreille, tout aussi impudiquement expose ses griefs sentimentaux... Et sexuels aussi... Les propos sont plus crus et virulents. Plus génant soudainement.
Mon esprit divague avec les volutes bleutées de ma cigarette. Demain Lille. Après demain Bruxelles. Bientôt Lyon, pourquoi pas? La rencontre. Le plaisir de faire découvrir et de découvrir. De fil en aiguille, la présence mentale des êtres chers me vient en tête. Soudainement, j'aimerais partager ce moment là. Avec Petit Frere. Je pense à lui par le biais de son anecdote, un soir de février près de la Grande Dame de Fer. Il doit être au travail à l'heure qu'il est. J'ai envie de lui faire partager ce moment. Une carte publicitaire en sera le support.
Rafaele me manque aussi, à cet instant précis. Son sourire princier. Ses yeux qui pétillent. Il sera là bientôt. J'ai hâte. J'aime bien le voir, assis en face de moi et à l'écouter parler, babiller parfois.
Eltan aussi aurait aimé être là. J'aurais bien partagé un verre avec lui. Ou avec A.-S. Cela va faire un an que je ne l'ai pas revue. Je ne l'ai encore jamais vue maman. Elle doit être belle...
Il est 19h00 maintenant. L'heure pour moi de partager un autre moment avec mon tendre et cher. Il ne va pas tarder maintenant. Une soirée, à l'extérieur, à deux. J'aime bien ces soirées là. Ca me donne le sourire.
En relevant la tête, je remarque, dans un coin du café, un jeune garçon qui comme moi, écrit. Le serveur, l'air malin, lui fait remarquer que ce soir, c'est le coin des poètes ici. Il sourit poliment. Echange d'un regard rapide et timide avant de replonger chacun dans son calepin.
Ma blonde compagne alcoolisée est bue jusqu'à la lie. Il n'en reste plus que quelques traces mousseuses sur les bords du verre. Ecumes d'une vague de plaisir.
Il me faut rejoindre les hautes salles art déco du théâtre. Un rapide repas italien et le plaisir des sens chorégraphiés clotureront la soirée. Plaisirs tout bêtes mais plaisir tout de même.
Ce soir j'ai envie de crier "ah que la vie est belle", parce que par moment ce qu'elle est belle ma vie.

3 commentaires:

E. a dit…

et la mienne aussi, du coup....

(oacqq en vérification ! non mais ! je ne lui permets pas)

Rafaele a dit…

L'un des (nombreux) posts les plus joliments écrits de ton blog...

Eltan a dit…

Quand je disais qu'il avait un vrai talent ;-)