29.5.06

Dis, quand reviendras-tu?

Tout y est. Tout ce qui fait d'Almodovar un cinéaste à part se retrouve dans son dernier film.Le fond, d'abord. Les couleurs et ses décors délicieusement kitch. De ces couleurs flamboyantes qui se retrouvaient sur les papiers peints années 70 des appartements de ses personnages. Ces couleurs là qui se retrouvent maintenant sur les murs tagués des villes. La musique aussi, là encore exubérante qui ponctue ses films. Cette fois, il fait chanter son personnage principal, un fado à la tristesse exacerbée et exutoire.
Les personnages. Encore des femmes. Beaucoup de femmes. Un autre film où les hommes sont absents ou très vite éliminés. Des femmes poignantes et de poigne ; des femmes vivantes, aux épaules et aux seins larges. Toutes les femmes. Des mères, bien entendu et comme d’habitude. Que se soit des mères absentes ou trop présentes. Une enfant, à mi chemin entre l’enfance et l’âge adulte. Une prostituée opulente et au verbe fleuri mais qui a le cœur au creux de la main. La voisine, malade, à la recherche de la vérité. Des rapports entre femmes qui ne sont pas toujours simples : mère-fille, fille-mère, entre sœurs… Des femmes solides par la force des choses ou de leur histoire compliquée avec les hommes. Des femmes fortes mais aussi trop sensibles.
Les ressorts dramatiques sont identiques d’un film à l’autre. Toujours les mêmes. L’importance de l’inceste et ses ravages sur des femmes, à tout jamais, marquées par les violences psychologiques laissées par des hommes aux hormones dégénérées. Les rapports troubles et fusionnels entre la mère et sa fille. Chez Almodovar, ces relations là ne sont pas simples, toujours entre haine et amour. Toujours des secrets. Des secrets douloureux, des drames anciens ou récents et volontairement enterrés pour ne pas sombrer. Parce que ce film est résolument optimiste. Toujours une vision très dure de la télévision, de la télé-réalité voyeuse et inhumaine, cette télévision qui n’a qu’un seul but : l’audimat.
Tout cela dans le « Volver » d’Almodovar. Revenir. Le retour. Le retour du passé, des fantômes et des chimères. Toutes ces âmes en peine qui ont besoin de revenir hanter les vivants pour accomplir ce qui n’a pas pu être fait avant. Les histoires qui se répètent, comme autant de cercles vicieux qui se jouent du temps.
Le retour de deux actrices dans le giron du réalisateur. Carmen Maura qui retourne pour la première fois depuis « femme au bord de la crise de nerf » et Pénélope Cruz. Elles sont toutes les deux parfaites. Pénélope Cruz est totalement surprenante dans ce rôle de femme de caractère en acier trempé. Carmen Maura est toujours aussi impressionnante, surtout dans cet accoutrement de femme de village de la Mancha.
Entre temps, les actrices du film auront été (à juste titre) collectivement récompensées par le jury du Festival de Cannes du prix d’interprétation féminine.

Volver – Pedro Almodovar

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