13.5.06

La folie d'une vie

C'est l'histoire d'une chronique familiale. 20 ans d'une vie. Une famille québecoise mais qui pourrait très bien être française, anglaise ou de partout ailleurs. Une famille comme tant d'autres. Universelle. Une famille avec les mêmes préoccupations, les mêmes problèmes, les mêmes joies, les peines. Normale.
C'est l'histoire de Zack. De sa naissance jusqu'à l'âge où les poils de l'adulte en devenir carressent les joues tendres et presque roses encore de l'adolescent finissant. 20 ans. Vingt années à suivre ce garçon pas comme les autres © mais qui aimerait tellement prouver qu'il peut être un garçon bien comme les autres. De la naissance, un soir de Noel dans les années 60 à l'acceptation d'une réalité trop longtemps refoulée dans les années 80, l'éducation d'un enfant, la construction d'un adulte.
C'est l'histoire de Zack dans sa famille. Zack avec sa maman. LA mère protectrice par excellence , celle qui ressent jusqu'aux douleurs de son fils "doux et sensible" et qu'elle réussit à calmer et à apaiser même à distance. Celle qui serait prête à acheter une poussette à son "petit Jésus" préféré qui aime se vêtir d'atours féminins. Elle ne comprend pas sa différence mais ne le juge pas et ne lui en tient pas rigueur. C'est comme ça, c'est tout...
C'est une autre histoire avec Gervais, le père, le chef de famille. Et c'est ces rapports là qui sont le coeur de ce film. Il le dit lui même, son père "était le meilleur au monde" par rapport à ceux "banals et sans intérêts" de ses amis, mais il est aussi son meilleur ennemi, celui qui n'accèpte pas sa différence, jusqu'au rejet. Un rapport conflictuel, une guerre lasse où les petites vacheries prennent des proportions de grandes victoires. Mais l'amour est là. Gervais veut le meilleur pour son fils et n'en démord pas, quitte à jouer la carte de la violence. Une époque où ses choses là n'étaient ni plus ni moins qu'une maladie mentale que seul le psychiatre pouvait guérir.
C'est aussi et enfin et surtout l'histoire d'un garçon en recherche de son identité. Combat intérieur minant. Les attitudes d'enfant ne trompent pas. Cet enfant n'est pas un garçon comme les autres (©) mais entre le savoir et l'accepter, une longue et sinueuse route de souffrance et de mal-être. C'est ça le quotidien de Zack. Il ne voit qu'il n'est pas comme ces quatre crétins de frères mais ne peut et ne veut accépter cela. "Je veux être comme les autres", supplie t-il chez une vieille femme qui lui a découvert un don de guérison. Car il souffre de ses noms de fifes dont on l'affuble. Le rejet jusqu'à la violence d'un tabassage avant de craquer et de glisser dans les brèches troublées qu'il souhaiterait tellement voir closes à jamais.
Un film d'une justesse de ton capable de faire ressurgir des ondes d'émotions quasiment à chaque image. La musique, les images, la mise en scène et surtout les acteurs participent à faire de ce film plus qu'un énième film sur la découverte de l'homosexualité ou les rapports familiaux. Un film assez universel, finalement, où chacun se reconnait plus ou moins. Où je me suis reconnu, plus ou moins. Et puis voir Marc-André Grondin (qui joue le personnage de Zack) chantait "Space Oddity" de David Bowie est un moment que j'aimerais revoir à l'infini...
C.R.A.Z.Y de Jean Marc Vallée. (un petit clique sur l'affiche magique)

2 commentaires:

Joss a dit…

Heureux que tu ais aimé...
Ça a été mon film de l'année, l'année dernière...
Et je l'ai offert, au cinéma, à mon Papoute lors de la fête des pères 2005...
Imagine l'émotion qu'il a ressenti... Quand je lui ai offert en plus, la compil des meilleurs succès de Patty Clines, il était tout ému le Papoute...
Dis-moi, il est bien reçu en France ce film?

Eric a dit…

J'ai tellement aimé que j'y suis retourné une seconde fois !
Les critiques ciné sont excellentes pour Crazy. Et, ce qui est le plus important, le bouche à oreille des spectateurs est impressionnant. Pour le moment, je n'ai pas eu de critiques négatives des personnes qui ont vu le film.
A l'heure actuelle, le film a déjà accueilli presque 100 000 personnes (en premiere semaine d'exploitation) et je suis certain que le film est promis à un bel avenir ici...
En tout cas, quel bonheur que ce film.