Un téléphone portable sonne dans la rue. Fort. Tres fort. Trop fort... Cette sonnerie énervante qui imite la sonnerie énervante d'un vieux téléphone ou celle encore plus énervante d'un vieux réveil matin à ressorts, celui de grand mère qui réveillait une rue complète quand il se déclenchait. Toujours avec ce son nasillard et électronique, énervant.
Je viens de sortir d'une journée de travail fatiguante où le téléphone n'a que trop sonné. Pas envie d'entendre ce son, là et maintenant. Un peu de tranquilité, que diable. Je le mérite, tout de même.
Je me retourne mais je suis seul dans la rue. Je suis assez surpris, ayant cru entendre cette sonnerie juste à côté de moi... Je finis par supposer que cette nuisance sonore vient d'une fenêtre ouverte d'un immeuble. Pourtant, j'ai l'impression étrange que la sonnerie est toujours aussi forte malgré que je continue à avancer d'un pas alerte dans la rue. Ca a sonné cinq ou six fois et puis ça s'est arrêté. J'ai pris mon métro et j'ai oublié.
Gare Montparnasse. Premier changement de mon long retour à la maison. Il fait chaud. Les gens sont énervés. Embouteillages de touristes paumés avec leurs valises trainantes et d'usagers speedés qui feraient tout pour arriver deux secondes plus vite dans leur foyer; quitte à bousculer les touristes paumés et apeurés... Du coup.
Passablement énervé par ce manque de civisme et de civilité, je rentre la tête dans les épaules essayant de me réfugier dans un petit monde douillet et à moi seul. Pourtant, un son attire mon attention. Un son nasillard et électronique. Un son qui rappelle un vieux téléphone ou un vieux réveil matin. Il est là, je l'entends très distinctement. Pas loin de moi, mais je n'arrive pas à localiser dans le brouhaha de cette foule. Pourtant, personne ne semble vouloir répondre. Ce qui a l'effet de m'énerver encore plus : ils peuvent pas répondre à leur foutu téléphone au lieu de faire tout ce boucan, m'exclame-je, dans le dedans de ma tête? Mais non, le téléphone continue à sonner et puis s'arrête.
La longue montée exutoire de l'escalator de la station Place des Fêtes. Tout un symbole cet escalator, ingurgitant le matin sa masse laborieuse fraîche et résignée, et vomissant le soir cette même masse ayant subie les affres de huit heures de digestion, sous le coup d'enzimes de bureau. Enfin. Cette journée se termine. Enfin. J'ai déjà en tête, un chausson aux pommes doré; mes chaussures enlevées et la chemise débraillée. La liberté qui me fait réapparaitre un petit fond de bonne humeur en même temps que le jour de la Place des Fêtes se fait plus visible.
Pas pour longtemps. Un vieux téléphone ou un vieux réveil, au son nasillard et éléctronique, me persécute à nouveau. Je n'en reviens pas. Ce n'est pas dieu possible. Ca ne peut pas être une coïncidence. Quelqu'un veut me rendre fou. La sonnerie est toujours aussi proche de moi, mais personne à proximité de moi. Serais-je devenu fou? Un acouphène me jouerait-il des tours? Cette vrille sonore sonnerait-elle le glas de ma folie? Suis-je le seul à entendre ce téléphone qui sonne? J'aurais presque eu envie de hurler tellement je ne comprenais pas ce qui se passait.
Je me décide à sortir mon portable de ma poche de jeans pour faire part de ma folie au Sage E. (qui fait des tours et des détours autour de Mickey). Et je m'apperçois avec horreur (et un certain soulagement, je l'avoue) que c'est mon portable qui faisait tout ce ramdam. Je regarde bêtement mon téléphone maudit. Comment se fait-il que mon téléphone portable sonne maintenant alors qu'il a toujours était placé en mode vibreur? N'ayant pas l'habitude de cette sonorité sur mon portable et n'ayant plus les petits frissons provoqués par mes appels vibratoires, je n'ai, à aucun moment, pensé et assimilé que c'était moi le fouteur de troubles. Par quel hasard, s'est-il déréglé, je ne le saurais jamais. Sauf que j'ai bien failli tourné en bourrique ce soir même, à cause d'un bruit de vieux téléphone ou de vieux réveil, au son nasillard et électronique... Et tellement énervant.
2 commentaires:
Figata! :-)
C'est à dire?
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