17.11.06

le laveur de vitres

Assis sur sa nacelle, la tête dans les hauteurs des mille buldings de Hong Kong, le Laveur de Vitre observe, nonchalant et amusé, ses petites fourmis s'agiter en tous sens, à la recherche de je ne sais quel graal inaccessible.
Il observe comme avec une loupe ses concitoyens se démener. Regard tantôt ironique, tantôt cruel mais toujours avec de la fierté pour eux.
Cette pièce tout en mouvement autour d'une montagne de fleurs écarlates, est sans temps mort. Tout n'est que danse, courses effrénées, va et vien continuels. Comme si cette ville ne connaissait jamais le repos. Seul, à deux ou en ensemble, chacun vaque toujours avec la bonne humeur et le sourir accroché aux lèvres.
Une nouvelle fois cette pièce de Pina Bausch aura déclenché un enthousiasme exaltant. Comme une petite piqure de vie qu'on aimerait s'injecter plus souvent pour qu'on se sente bien et qu'on oublie la noirceur du quotidien; un baume au coeur qui déride nos carcasses courbaturées; un elixir de jeunesse qui dérouille nos articulations ankylosées. Elle invite à faire comme son Laveur de vitres. A prendre de la hauteur et prendre le temps d'observer pour voir que les jolies choses dominent finalement bien au desssus des difficultés, de la solitude et de la tristesse. Cette pièce parle de Hong Kong, de ses habitants, de ses particularismes. Pourtant, au delà de tout cela, il s'agit aussi d'une pièce universelle sur la générosité, la gentillesse et l'amour. Et pour elle, et avec elle, on a envie de lui crier qu'on l'aime lorsqu'elle nous transcende ainsi malgré les centaines de kilomètres que nous avons du faire. On a envie de lui crier encore, et encore, et toujours.
La joie de revoir cette troupe. La tristesse de voir disparaitre certain membre qu'on aimait bien. La surprise dubitative et encore réservée de voir de nouvelles têtes. Car, comme pour la pièce, cette compagnie bouge, change et se module à l'infini. Les petits nouveaux, malgré la timidité du débutant, se glissent avec un plaisir évident et délectable, dans les peaux vidées et désertées des créateurs ou de leurs succésseurs. Comme si, les personnages perdaient les traits de leur visage mais gardaient toute la magie de leur gestuelle; un visage interchangeable pour un corps qui ne changera jamais, à jamais marqué par les figures historiques de la troupe.
Le Laveur de Vitres - Pina Bausch - Wuppertal (Novembre 2006)

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