1.2.07

Le beau verbe

Petite fantaisie romancée et romanesque sur la vie de Jean Baptiste Poquelin dit Molière. Un film soigné pour un film d'époque.
Molière est employé contre son gré par un Bourgeois du nom de Jourdain pour lui enseigner les rudiments de la comédie afin de pouvoir jouer une petite pièce à la belle Célimène qui lui fait chavirer le coeur. Contraint et forcé à endosser le costume d'un dévot du nom de Tartuffe, Molière tombe éperdument amoureux de la jolie et tourmentée Elmire.
Il ne s'agit pas là de dresser un film biographique de la vie du célèbre auteur du 17ème siècle. Le scénariste et le réalisateur brode une comédie sur une période peu connue de la vie de Molière, époque où il fut emprisonné pour dettes. Ils imaginent ainsi ce jeune Molière dans une famille de bourgeois qui cherchent à évoluer dans l'echelle sociale qui passe obligatoirement par le paraitre et les signes de la noblesse. Cette expérience lui aurait donc inspiré ses plus célèbres pièces : Le Tartuffe et le Bourgeois Gentilhomme. Pures spéculations décriées par les puristes et les critiques de Télérama.
Il n'empêche que ce film voguant sur le concept de Shakespeare in Love, réussit à recréer un univers réaliste et décrit savoureusement l'univers des précieuses ridicules de l'époques où les mots pouvaient servir de couperet définitifs plus que les actes.
Romain Duris s'en sort très bien en Jean Baptiste Poquelin torturé par l'amour et le badinage. Mais le morceau de bravoure revient sans conteste à Fabrice Luchini qui se livre dans sa démesure coutumière à un savoureux Monsieur Jourdain, à la fois détestable dans son comportement de mâle dominant et maître de sa maison et en même temps tellement gauche dans sa volonté farouche d'imiter la bonne société. Les scènes d'apprentissage sont toutes extrèmement droles. Laura Morente est une gracieuse Elmire, écartelée entre son devoir d'épouse et de mère et l'amour que lui inspire Molière.
Les décors sont beaux, tout comme les costumes en beaux tissus moirés. Reste qu'effectivement la langue, cette belle langue de Molière n'est pas complètement respectée, subissant un rajeunissement contemporain sans pour autant l'avoir oubliée comme l'avait fait les scénaristes du Pacte des Loups.
Il est sans doute vrai que le Molière d'Ariane Mnouchkine est plus proche de la réalité historique de l'auteur mais cet épisode romancé n'est pas pour autant dénué d'intérêt. Bien au contraire.
Molière - Laurent Tirard

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