1.6.07

Sombre 0

Decouflé est-il en manque d'inspiration? Car enfin quoi ! Depuis Iris et ces multiples versions, rien de bien neuf sur sa planète. On sait qu'il est passé maître dans l'art d'utiliser la vidéo, l'image et les jeux de lumière. Il fournit même un travail extraordinaire avec ces moyens là.
Ses spectacles si vivants, si légers ravissaient alors nos yeux ébahis et bluffés par les subterfuges. Dans son Sombrero, les mêmes ingrédients deviennent lourds et pesants. L'effet de surprise s'est émoussé à force de réutilisation à l'infini, usée jusqu'à la corde. Ici, le spectacle est tout juste agréable mais très loin de la jubilation des précédents. Mon côté enfantin m'a permis de regarder tout cela avec amusement mais sans le grand plaisir qu'une nouvelle pièce de Decouflé suscitait habituellement.
Tout n'est que réemploi d'une recette qui frise l'indigestion, parce que trop grossier, trop caricatural. Le côté ludique de ses pièces s'est essoufflé, sans vie. Les multiples jeux de mots autour du mot "ombre" et pas toujours très drôles, deviennent au fur et à mesure de l'avancée du spectacle des blagues potaches dans le meilleur des cas; des vannes dignes des Grosses Têtes dans le pire; qui frisent le vulgaire selon le Sage E., même si je pense que le mot est tout de même trop fort. Les sourires du début se transforment bien vite en bâillements désabusés.
Le côté spectacle vivant, avec musique jouée en live n'est pas très heureuse cette fois çi et s'enlise lamentablement dans le granguignolesque (mon dieu cette utilisation débilisante du chef d'oeuvre de Morricone il était une fois dans l'ouest). Et la pauvre chanteuse (?) peine et rame à relever le défi de faire mieux que l'enchanteresse Claire Diterzi sur Iris.
La chorégraphie est réduite à une peau de chagrin, une ombre d'elle même, insignifiante, sans intérêt. Seul le solo que se réserve Decouflé sort du lot mais arrive bien trop tard pour raviver une étincelle de désir à la chose.
Reste quelques belles réussites, de belles trouvailles, quelques scènes fortes. Ainsi cette scène où l'on voit une danseuse filmée en gros plan qui exécute une série de gestes avec son visage, repris en décalé par son ombre en négatif. Tout simplement cauchemardesque cette scène mais hypnotisant. Mais tout cela ne reste que quelques flashs, de rares traits d'illumination sur une ombre de spectacle trop convenu et décousu.
Dommage. Finalement, le message de ce spectacle n'était que trop vrai car il ne s'agit bien là que d'une ombre de spectacle de Decouflé. Sans doute aurais-je pu être émerveillé par ce spectacle si je n'avais pas vu l'époustouflant, le parfait et Merveilleux Iris. Car Sombrero fait figure d'une bien pâle copie.

Sombrero - Philippe Decouflé - Théâtre National de Chaillot

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