17.7.07

La bulle humaine

Une bulle, c'est léger. Ca flotte; ça virevolte; ça vole à gauche, à droite, au gré des courants. C'est libre comme l'air une bulle. Mais, comme toute chose, une bulle peut se laisser emporter, malmenée, dans un tourbillon. Une bulle, ça peut péter, exploser. C'est si fragile une bulle.
C'est un peu ça le film d'Eytan Fox. Un film sans cesse en mouvement entre le récit d'un groupe d'amis à Tel-Aviv, le récit d'une histoire d'amour, le film social et politique (l'homosexualité, le clivage d'incompréhension entre Juifs et Palestiniens). Chaque élément pris séparément n'apporte pas grand chose de neuf : la jeunesse de Tel-Aviv a les mêmes problèmes que la jeunesse de partout ailleurs (découverte de l'amour, le sexe, la fête, les engagements molassons pour une grande cause). L'histoire d'amour n'a rien d'originale, on nous ressert, version gay, l'histoire de Roméo et Juliette ou l'amour impossible entre un Juif et un Palestinien. La vision du conflit latent, toujours à fleur de peau même si on ne préfère pas le voir et continuer à vivre comme si tout allait bien est la pièce maîtresse du film.
Lorsque ces trois bulles du récit fusionnent, le film décolle dans la légèreté agréable à suivre des yeux. Cette grosse bulle est certes ballottée par les aléas de toutes vie, par le souffle de cette jeunesse. Mais onn rit des petites maladresses des personnages qui essaient de se construire un avenir; on a la larme à l'oeil quand leurs tentatives se soldent par un échec.
Et puis, progressivement, un autre sentiment s'insinue sans qu'on le sente réellement arriver. Par petite dose, un malaise s'installe. On pressent que cette histoire là ne se terminera pas bien. Il y a cette peur latente du terrorisme qui fait agir sans concession. L'intégrisme religieux et politique d'un côté contre la répression jusqu'au-boutiste de l'autre côté. Ces images que nous voyons si souvent à la télévision du conflit qui secoue Israël. Par petites doses presque invisibles, la tragédie tisse sa toile jusqu'à une fin explosive qui a fait que je suis ressorti de la séance, complètement bouleversé. La légèreté contenue par une chape de plomb. La bulle ballottée par la tempête avant de disparaître dans le déchaînement des quinze dernières minutes du film.
The Bubble c'est le surnom qui est donné par ses habitants à Tel-Aviv. La bulle. Des bulles de jeunesse qui ne demandent qu'à s'extérioriser mais cette liberté n'est qu'une illusion. La réalité est toute autre, bien plus mortelle qu'il n'y parait.
The Bubble - Eytan Fox

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