12.2.08

A l'usine du coeur

De retour au cinéma. Pas encore très vaillant sur mes deux jambes mais suffisamment pour me déplacer vers les salles obscures. Par contre le pouf, pouf qu'est-ce-que je-vais-aller-voir-ce-matin n'a pas été une très bonne pioche. Trop de choses à voir, trop de retard à rattraper, je n'ai pas très bien su gérer les priorités. Ce matin donc, je me suis décidé pour la Fabrique des sentiments. Un coup pour rien. Ca arrive de temps en temps, même si j'aurais dû prêter plus attention au bouche à oreille pas très positif. Bref...
Eloïse, 36 ans, est plutôt jolie et a une belle carrière devant elle. Mais elle est toujours célibataire et ça lui pèse, à la longue. Désespérée, elle tente le tout pour le tout et participe à un speed-dating, sorte de tournez manège de la dernière chance. Entre ses désirs et ses réalités, elle ne sait plus trop où donner de la tête et se perd dans des conjonctures obscures sur la vie de couple. Il y en a qui ne seront jamais heureux en amour. Eloïse en fait partie.
Interrogation sur la vie de couple, la notion de bonheur à deux, le rôle de la séduction, sa place parmi les autres. Le film aborde ces thèmes sans jamais s'y intéresser vraiment. Le film est bavard. Chacun y va de sa théorie éculée voir bidon sur la vie et l'amour. Le problème c'est que ça ne décolle jamais de la théorie. Un des personnages du speed-dating dit à un moment que c'est un peu conceptuel. C'est tout à fait ça : ce ne sont que des mots génériques sur des idées bateaux. Ca manque de fond. C'est dépourvu de profondeur. Les personnages sont vains et inconsistants et manquent de chair. Jamais on ne s'attache à l'un ou à l'autre. Au final, ils nous ennuient profondément. Ca parle donc beaucoup. Ca philosophie comme sur un plateau de Mireille Dumas. Ca se veut sans doute un état des choses amoureuses en ce début de nouveau millénaire mais il manque peut-être la sincérité d'une écriture scénaristique fine. Et puis, pour faire encore plus vrai que la vraie vie réelle, on n'hésite pas à en rajouter des couches qui frisent l'écoeurement : la maladie, la vieillesse, le fantasme, les contradictions... Bref, la dernière demie heure est vraiment indigeste. Ca se veut parfois esthétisant : longs plans sur des corps féminins nus et alanguis dans un hammam, esthétique tape à l'oeil qui au final n'apporte rien si ce n'est encore plus de froideur. Ca se veut aussi onirique mais ça plante à côté de la réaction escomptée et cette scène de rêve, cauchemar, fantasme avec gros dinosaure en peluche verte, dans une boîte échangiste est un plantage total.
Les acteurs rament. Et vas y que je pose, vas y que je me regarde jouer. Ils manquent (en plus de tout le reste) d'une vraie direction d'acteur. Chacun fait ce qu'il peut sans jamais s'investir dans l'ensemble. Zylberstein a beau être toute mimi et bien propre sur elle, toujours l'oeil larmoyant, elle n'émeut jamais. Putzulu réussit à faire passer un semblant d'émotion et de sincérité mais le personnage est bien trop fugace pour marquer réellement. Et Bonaffé que j'aime pourtant beaucoup est une tête à claque énervante.Pas grand chose à sauver donc de ce film qui a comme défaut principal de vouloir trop se prendre au sérieux. L'idée pouvait être bonne mais le ton vaguement dogmatique qu'on donne rend tout cela insipide et ennuyeux.
La fabrique des sentiments - Jean Marc Moutout

2 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est pas pour dire, mais si tu m'avais écouté... ;)

Eric a dit…

Oui bon d'accord ! Tu as sans doute raison, j'étais prévenu par ta critique ! Mais il y avait Zylberstein tout de même...