23.10.08

Armide au Théâtre des Champs Elysées

L'opéra baroque, c'est chiant. Partant de ce postulat à caractère bien arrêté et bien entendu sans fondements (quoique!), il n'a pas été facile au Sage E. de me convaincre à aller voir Armide de Lully, au Théâtre des Champs Elysées. Il a eu beau me rassurer en me le vendant genre oui mais c'est chorégraphié par Jean Claude Gallotta, tu l'aimes bien Jean Claude Gallotta? C'est joué par les Arts Florissants de William Christie, tu les aimes bien les Arts Florissants? Et puis c'est mis en scène par Carsen, tu sais Carsen? Et puis, il y a aussi le beau Marc Callahan dans la distribution, rappelles toi, à Lyon.
Oui, n'empêche que c'est du Lully. Rappelle toi, toi aussi, que je n'ai été subjugué que par les doigts de magicien de Christophe Rousset pendant l'Ariodante de Haendel. Souviens toi que je ne garde aucuns souvenirs du Alcina pourtant avec la Dessay. On pouvait comprendre ma réticence. Mais bon, si Marc Callahan chante, alors pourquoi pas...
Comme d'habitude, je trouve le public du TCE bien trop guindé à mon goût. Encore plus qu'à Garnier, c'est pour dire... Des rombières, avec la bouche en cul de poule tentant de gober leur verre de mauvais champagne qu'elles ont payé une fortune, toisent de haut en bas, la rétine choquée, tout ce qui passe en jeans. En soit ce n'est pas un problème, sauf peut-être de ne jamais me sentir à ma place dans ce lieu. Heureusement, on y va pour la musique, pas pour le public.
Du haut de notre deuxième balcon, très de côté, nous avions une belle vue plongeante sur l'orchestre rutilant d'instruments anciens et étranges. Et accessoirement sur le tiers gauche de la scène. Il ne faut pas avoir de raideurs dans le cou ou dans le bas du dos pour pouvoir se pencher pendant près de deux heures trente pour espérer apercevoir une ouverture de scène plus importante. Ce n'était pas le cas pour moi ce soir là. La mise en scène me semble somptueuse, jouant sur le gris souris et le rouge mordant, plongeant l'action dans un univers irréel; dans un rêve où dans une féerie fantasmagorique. Seules l'ouverture et la conclusion de l'opéra ont pieds dans la réalité, en mettant en scène un groupe de touristes, visitant le château de Versailles.
L'opéra de Lully mêle chant et danse. Jean Claude Gallotta assure donc la partie chorégraphiée en réinterprétant très librement mais sans modernités excessives la danse de la Cour de Versailles. C'est juste parfait, sans ostentations pédantes et pompeuses, comme on a pu le voir dans certaines mises en scènes ultra in et branchouille. Ici, la danse de Gallotta accompagne et souligne l'action en y incluant les membres du choeur et parfois les danseurs. L'ensemble forme une cohérence gracieuse.
Je ne saurais trop dire sur la qualité des chanteurs. Je ne suis pas un spécialiste. Mon jugement sera donc, comme d'habitude, j'aime ou je n'aime pas. J'ai aimé Stéphanie d'Oustrac qui interprétée avec force et conviction la magicienne Armide. Le timbre de voix est jolie et la voix puissante, couvrant sans difficulté la voix de ses partenaires masculins qui eux manquaient cruellement de coffre. Elle n'a pas juste interprété une partition, elle est Armide; femme fatale, presque tragique, puissante et fragile. Je n'ai pas aimé les chanteurs masculins, tous faiblards vocalement, même si j'ai bien aimé l'intensité du timbre de Anders Dahlin au dernier acte. Je n'ai pas aimé que Marc Callahan ne reste que deux minutes sur scène au début du deuxième acte. Pas de prestance, pas de présence, pas d'éclat. Loin de la bonne impression qu'il m'avait laissé à Lyon.
Sans pour autant être devenu un fan absolu de l'opéra baroque, j'avoue que j'ai pris beaucoup de plaisir, sans m'assoupir et presque sans bailler. Le soucis est que ce genre est assez peu riches en airs marquants. J'ai l'impression que le texte est plus déclamé que chanté. Par contre, musicalement, alors là, ce fut une révélation. Les sonorités du clavecin qui jusqu'à présent m'horripilaient, ne m'ont pas gêné cette fois ci. Je serais même presque partant pour écouter un concert de musique baroque, incessamment sous peu...

Armide - Jean Baptiste Lully - Théâtre des Champs-Elysées - Christie/Carsen/Gallotta (Vu le 14/10)

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