30.10.08

Blanche Neige d'Angelin Preljocaj


Angelin Preljocaj avait envie de faire un grand ballet; raconter une histoire belle grâce à la danse. Il voulait sa Belle au Bois Dormant, sa Cendrillon. Mais plus habitué aux sujets abstraits, je me demandais bien ce qu'il allait bien pouvoir donner dans un registre plutôt classique (antique?). En même temps, il n'en est pas à son premier coup d'essai. Il avait déjà donné sa propre version du Sacre du printemps (passage obligé de tout chorégraphe contemporain) et de Roméo et Juliette. Cette année, ce n'est pas le Théâtre de la Ville qui allait accueillir le nouvelle création de Preljocaj mais le théâtre de Chaillot. La salle est moins bien (les sièges sont dans un état épouvantable) mais la scène est grande est permet des mises en scène imposantes. C'est bien ce qu'il fallait pour Blanche Neige.

Tout le monde connaît ce conte des frères Grimm. La pauvre petite orpheline victime de la cruauté de sa marâtre de belle mère, jalouse de sa beauté. Tout le monde a en tête les images colorées du film de Walt Disney, le chasseur dans la forêt, les petits animaux aux yeux mignons, les sept nains, la pomme et le baiser du Prince. Preljocaj respecte l'atmosphère conte de fée. C'est très beau visuellement (costumes de Jean Paul Gautier et décors). C'est très beau aussi au niveau de la danse. On retrouve la gestuelle chère à Preljocaj et il signe de très beaux duo et des ensembles d'une grace légère. Il apporte des moments de violence principalement avec la méchante sorcière mais aussi des moments oniriques sublimes comme l'arrivée des sept nains, harnachés et exécutants une danse aérienne le long d'une parois de plus de 10 mètres. Le tout est accompagné de riches extraits du travail de Malher.

La critique bougonnante reproche le côté beau et historié de la pièce. Pour eux, l'ensemble manque de profondeur ésotérique ou je ne sais quoi qui enclencherait leurs masturbations intellectualisantes. Ce genre de personnes qui pense que la danse contemporaine doit être violence et abstraction; qui doit apporter le mal être plutôt que le bien être. Mais bon sang, laissez nous aussi aimer ce qui est beau. Preljocaj prouve, n'en déplaise aux plumes fourchues, qu'il peut associer sa dance contemporaine avec les héritages classiques. Qu'il peut aussi faire aimer la danse aux plus grand nombre grâce à une histoire limpide qui ne vous laisse pas cette impression, parfois désagréable, de "qu'est ce qu'il a voulu dire". Certes, la danse, et principalement la contempraine, ne se comprend pas mais se ressent. Mais quand un trait de comprehenssion éclaire une danse aussi belle, on ne va tout de même pas nier notre plaisir? Le Blanche Neige de Preljocaj a tout pour devenir un grand classique de la danse. Et j'espère le voir et le revoir souvent. Un peu comme le Sacre du Printemps de Pina Bausch.


Blanche Neige - Angelin Preljocaj - Théâtre National de Chaillot

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