16.11.08

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Une maison délabrée au bord d'une autoroute laissée à l'abandon. Le bitume défraîchi sert d'aire de jeux pour les enfants ou de parking pour la voiture des parents.
Le film commence sur le ton de la comédie. La famille vit sur elle même avec un un fort esprit de liberté. Liberté de penser, d'agir. Elle ressemble à une famille de baba cool, en dehors du schéma social ambiant. Peu à peu pourtant, par petites touches d'abord, un sentiment de malaise s'installe au fur et à mesure que cette portion d'autoroute s'anime. Des failles se font jour et déchirent la famille pourtant su unie. Le film verse dans le drame. Une sensation angoissante englue chacun des membres. La folie pour la mère, la paranoïa pour l'une des filles, la fuite pour l'autre, la colère pour le fils, la violence pour le père. Au fur et à mesure que ce petit coin que l'on croyait de paradis s'asphyxie des gaz d'échappement, de monoxydes de carbone et de nuisances sonores, la famille se referme sur elle même. Cette petite maison devient l'antre de la folie, les portes de l'enfer. Ses principes volent en éclats. Les visages si souriants au début deviennent ternes et inquiétants. Chaque image souffle une haleine fétide. Le malaise se transforme en peur. Peur que l'irréparable ne soit commis. Une peur sourde et sournoise. Insidieuse parce que fantôme, rampante. De cette peur qui naît d'un suspens dont on connaît déjà l'issue tragique mais dont on découvre les ficelles inéluctables, progressivement.
Isabelle Huppert dont la maigreur et la pâleur imbibe son personnage de langueur et de folie, est tout bonnement magnifique. Son regard vide fixe la vacuité de la paix promise mais qu'elle refuse d'abandonner quitte à y laisser sa lucidité et sa santé mentale.
Je suis ressorti de la séance, déboussolé. Je ne savais pas dire si j'avais aimé ou pas ce que je venais de voir. Encore aujourd'hui (deux semaines après), je ne sais si je pourrais trancher. J'ai aimé le style de la cinéaste (poésie des images, éclairages blafards, le travail sur le son...) et le jeux des acteurs. Je n'ai pas aimé me faire embarquer malgré moi dans cette folie névrotique qui disséminait cette famille. Quoi qu'il en soit, un film à voir.
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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je voulais absolument voir ce film mais il n'est passé que dans 6 salles ! une misère...
Ton article m'intrigue encore plus.