6.1.05

Histoires de famille


Posted by Hello

Louise et Martine sont deux soeurs. Une vit au Mans et l'autre à Paris. Une est esthéticienne et cherche à publier son premier roman, l'autre mène une vie bourgeoise et a toujours mal au dos. Elles ont beau chanter avec les Demoiselles de Rochefort "nous sommes deux soeurs jumelles..." Ces deux soeurs n'ont pas grand chose en commun et à partager (à part une mère alcoolique, au despoir des deux).
L'espace d'un week-end, ces deux femmes, au tempérament très diférents, vont se retrouver pour le meilleur (un peu) et (surtout) pour le pire.
"Bon écoute... Tu peux faire un effort maintenant et te tenir un peu tranquille... Parce que là, c'est plus possible... Tu me fais honte... Cette... Cette espèce de décontraction...".
Par cette phrase de Martine, tout est dit. Un monde sépare les deux soeurs. Louise est toujours de bonne humeur, toujours joyeuse, émerveillée par tout ce qu'elle voit, expensive (ah cette scène à l'opéra!!!); elle respire la joie de vivre. Martine est coincée, acariatre, aigrie, jalouse du bonheur des autres; elle respire l'ennui de vivre. Et quand les deux se rencontrent, c'est couru d'avance, ça court au clash! Martine ne supporte pas la décontraction de sa soeur; elle a honte du côté "Provinciale à Paris"; elle est, en fait, jalouse de ce que représente sa soeur. Elle sait qu'elle est méchante mais elle ne peut pas s'empêcher de faire du mal (à elle, à Louise, à son mari (excellent, Berléant), à sa femme de maison...); c'est plus fort qu'elle.
La fraîcheur de Louise va lui jeter en pleine face ce qu'elle est vraiment, c'est à dire pas grand chose (l'image de son agenda pour organiser sa journée, objet qui semble tenir une grande place pour l'organisation de sa journée, mais qui est pourtant vide), une femme vide. Et évidemment, cette prise de conscience fait mal. Cela la fait réagir; parfois dans le bon sens (quand elle décide de se trouver un travail pour s'occuper), parfois dans le mauvais sens et là c'est méchancetés sur méchancetés, horreurs sur horreurs, violence... Louise ne la comprend pas, mais, comme c'est une bonne pâte, elle ne dit rien et pense que se sont ses maladresses qui l'énervent. Elle temporise, parce que c'est sa nature...
Ce n'est pas un grand film, loin de là. On n'echappe pas aux caricatures (la soeur provinciale joyeuse; la soeur parisienne coincée) ni aux clichés (on a le droit à la visite de Paris en car rouge anglais; la carte de métro de Louise etc...). Les deux actrices jouent très bien; ce sont des grandes... Mais Catherine Frot fait du Catherine Frot et Isabelle Huppert fait du Isabelle Huppert... Les rouages et les mécanismes de leur personnages sont bien huilés, pas de fausses notes... Il aurait été intéresant de voir le personnage de Louise joué par Huppert et celui de Martine interprété par Frot... Cela aurait donné une autre envergure au film, je pense. Attention, hein, on ne s'ennuie pas une seule minute, dans ce film : c'est bien écrit, les dialogues font mouches; mais, je trouve que c'est un film un peu trop téléphoné... Et puis cette fin mièvre et niaise (ça, pour le coup, elle est complétement ratée cette fin).
Avant de terminer, un petit conseil, restez jusqu'au générique. Une jolie chanson très émouvante (enfin je trouve, surtout après avoir vu le film) interprétée par les deux actrices... Je sais que mon bébé dirait : "mais c'est pas une chanson et puis c'est plein de fausses notes"... Oui, ben n'empêche que c'est une très, très belle chanson!

Les soeurs fâchées de Alexandra Leclère.

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