31.1.07

Revers du droit

Ce film là m'a rendu mal à l'aise. Un état qui me rend incapable de savoir si j'ai aimé ou pas le film.
Paul qui vient de perdre son père (il s'est suicidé sans laisser d'explications) débarque sans prévenir chez son oncle pour passer un peu de temps loin de chez sa mère devenue dépressive. Très mal reçu par sa tante et son cousin, Paul va pourtant s'imposer. Il découvre alors une étrange famille. Anna, sa tante, est une femme autoritaire à la limite de la dictature envers son fils qui n'aime que son chien. Robert, le cousin, prépare une audition de piano pour entrer dans un grand conservatoire de musique allemand; il est lunatique et dur avec Paul et il est surtout alcoolique. Stefan, l'oncle, est quant à lui un père absent.
Paul va être troublé par le charme brut de la tante et en tomber amoureux.
Le film est étrange. Linéaire et sans éclats dans le récit, il pourrait passer pour une chronique familiale comme tant d'autres. Pourtant, il est plus que ça. L'athmosphère et l'ambiance de ce film sont oppressantes voir même violente. Les dialogues lancés sur le ton d'une conversation sont des lames affutées qui transpersent les personnages. Robert est surtout la cible de ces coups là. Tout le long du film, on sent que quelque chose va arriver. Quelque chose de pas sain, quelque chose qui pourrait être horrible. Tout concourt à cet état là. La musique (une sonate de Berg) un brin pesante et d'autant plus massacrée par les répétitions de Robert; la chaleur et la moiteur de l'été; l'image elle même tournée en caméra numérique, tout concourt à faire un film à la limite de l'asphyxie. L'image, très belle et granuleuse parfois, donne aussi une dimenssion quasi documentaire qui rend les personnages du film insoutenablement vrais, presque des personnes que l'on pourrait connaitre.
Un film qui a aussi une portée initiatique pour Paul : l'apprentissage (il veut rénover une piscine par ses propres moyens), l'éducation sentimentale et sexuelle (l'histoire avec sa tante), la découverte de la vie d'adulte, en somme, qui lui fera perdre à tout jamais l'innocence de l'enfance. Une vie où la cruauté ordinaire et gratuite fait de soit un adulte ordinaire.
Un film éprouvant donc qui n'est pas sans me rappeler Swimming Pool de François Ozon dans les rapports malsains des personnages mais aussi (et c'est Rafaele qui me l'a fait remarquer) l'ambiance feutrée, presque indolente, de la Tourneuse de Pages de Denis Dercourt, sorti en août 2006. Assurément un film dérangeant qui ne laisse pas indifférent.
PingPong - Matthias Luthardt

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