3.5.07

Les cris de la ville

Ouvrons la fenêtre, sur les restes du sommeil et pour laisser entrer l'air frais d'un matin d'été trop en avance. Encore endormis, les yeux clos, on se prend à s'imaginer dans un grand lit de fer blanc, sous l'épais plumage d'un édredon marron, dans une belle chambre simple et rustique d'une belle longère percheronne. Les rayons du soleil chatouillent les paupières. Les effluves d'herbe fraîchement coupée et les parfums capiteux de la ferme caressent délicieusement la pilosité nasale. On s'étire paresseusement et voluptueusement, les doigts de pieds en éventail et on se dit que vraiment, elle est bien belle la vie.
Mais bien vite, les cris de la ville me rappellent à la réalité. Ceci n'était qu'un doux rêve de vacances prochaines. A l'heure qu'il est, mon quotidien est Paris. Et sa brutalité matinale me frappe les tympans comme une grande claque dans le dos que je n'avais pas vu venir.
Le cri des klaxons des voitures trop pressées. Les cris des élèves qui se dirigent vers leurs classes poussiéreuses. Le cri du bus gêné dans sa lente progression. Les cris de l'ambulance gênés dans sa rapide progression. Le cri des marteaux piqueurs qui défoncent et défoncent encore et encore les trottoirs. Le cri des mobylettes qui pétaradent à tout va dans les caisses de résonance des immeubles encastrés. Le cris du camion poubelle qui me fait penser à une goule infernale poussant son hurlement strident à chaque fois qu'elle a ingéré les déchets des boites vertes. Le cri de la ville, longue plainte de fureur mécanisée, plus intense et concentré que jamais. Presque insupportable. Les cris de la réalité quotidienne qui laisse peu de place à ceux du rêve. Où est le cri du coq qui salue le retour du jour? Celui de la vache qui appelle les mains expertes du fermier? Où est le cri joyeux de la cloche de l'église de village qui égrène les heures? Où est le cri du moineau joueur qui répond au cri du merle tapageur?
Dans ma tête sans doute. Souvenirs idéalisés d'une campagne idyllique. Le réel besoin de se mettre au vert et de se reposer. Bientôt. Bientôt, ces cris là seront redevenus réalité tandis que les cris de la ville seront devenus un lointain souvenir.

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