27.2.08

Cachez cette mort que je ne saurais voir

Dans la famille Savage, chacun vit sa vie, sans rien demander à qui que se soit. La mère est aux abonnés absents depuis belle lurette; le père coule une retraite dorée en Arizona. Le fils est docteur en littérature et travaille sur Brecht et la fille rêve d'une carrière d'auteur de théâtre mais en attendant est secrétaire intérimaire parce qu'il faut bien payer le loyer. Jusqu'au jour où les deux enfants sont rattrapés par la vieillesse de leur père, atteint de sénilité.
Le film commence sur le mode humour satirique sur les dérives du commerce du 3ème âge. Et puis, il sombre dans la gravité du monde réel. S'occuper d'un parent sénile n'est pas une sinécure et loin de là. La recherche d'une maison de retraite, véritable mouroir; l'acceptation de voir un être proche sombrer dans la décrépitude de la vieillesse; l'acceptation de la mort.
La réalisatrice filme d'un oeil acerbe le monde de la vieillesse, la peur qu'elle suscite, les faux semblants d'une société qui la rejette. Les personnages sont bien écrits et interprètes à merveille par Laura Linney et Philip Seymour Hoffman. Ils sont à la fois touchants dans leur désespoir et leur solitude mais aussi irritants dans leur rejet de voir la réalité en face ou dans le jeu de ping-pong où le père mourant est la patate chaude qu'on essaie de refiler pour ne pas s'en occuper. Beaucoup de sensibilité dans l'écriture de ce film mais un bémol la froideur des scènes clés, comme si la réalisatrice voulait se placer à l'écart. Pudeur? Refus de la mièvrerie? L'effet, en tout cas n'est pas très réussi puisque le spectateur n'est pas touché par la mort du père par exemple.
Reste que dans l'ensemble, La Famille Savage est un bon film. Et puis, rien que pour Laura Linney de plus en plus classe avec le temps...
La famille Savage - Tamara Jenkins

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