7.2.08

JUNO

C'est l'histoire d'une adolescente de 16 ans, forte tête, l'esprit gouailleur et qui n'a pas sa langue dans la poche. Un soir, elle décide de coucher avec son boy-friend, histoire de faire autre chose que de regarder la télévision. Ce qui ne devait qu'une occupation comme une autre a des conséquences inattendues. Juno tombe enceinte et ne sait pas quoi faire avec ce machin (comme elle dit, elle même) qui lui pousse dans le ventre. Ce qu'elle sait, c'est qu'elle ne veut pas avorter. Pas forcément par principe mais plutôt par peur. Elle va donc porter cet enfant qu'elle fera adopter par une famille en recherche de parentalité.Un film qui sort des sentiers battus. Loin du mélo que le sujet pourrait faire craindre et loin aussi de l'humour débilitant des teenager movies. Nous assistons là, à un petit bijou de comédie intelligente. Tout repose sur les maigres épaules d'Ellen Page, à la fois coriace et fragile. Cette jeune actrice réussit une prestation qui frôle la perfection, sans jamais sur-jouer l'adolescente tape à l'oeil. Non ici, l'humour est dans l'autodérision du personnage, dans les vannes qu'elle jette à la gueule du tout venant pour mieux cacher sa trouille d'être mère, elle qui n'a même pas encore appris à être femme. Tantôt d'une lucidité tranchante, tantôt d'une naïveté désarmante, Juno est avant tout une adolescente qui se retrouve controntée sans préparation au monde des adultes. Elle avance à tâtons dans cette nouvelle expérience qui lui tombe dessus sans prévenir. Aidée par une famille aimante et compréhensive; presque vénérée par la futur mère de son enfant (excellente Jennifer Garner); gentiment malmenée par sa meilleure amie, elle essaie de se faire sa propre place en cherchant à se protéger un maximum. Deux ans après Thank you for smoking, une satire grinçante sur l'industrie du tabac aux Etats Unis, Jason Reitman, aidé de Diablo Cody au scénario, réalise là un film sensible sur l'adolescence, bien loin des clichés habituels qui peuplent le cinéma américain. Pas de manichéisme, pas de condescendance, pas de jugement à l'emporte-pièce, tout ce qui pourrait plaire à la bonne ménagère. Rien de faussement subversif. Non, il filme ses personnages dans les conditions les plus proches de la réalité, en leur laissant une grande liberté d'action, ce qui a pour conséquence de les rendre extrêmement attachants et vivants, parce qu'imparfaits. Un véritable succès.
Juno - Jason Reitman

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