7.2.08

L'amour en sourdine

Je suis allé voir Didine. Elle a bonne mine, Didine. C'est une fille sympa, genre bonne copine. On dit d'elle qu'elle est radine. Avare de sentiment et incapable de donner autre chose qu'une allure mutine. C'est vrai qu'elle peut être ondine, se laissant porter sur le courant de nuits anodines.
Mais, plus sérieusement, Didine ne sait pas comment aimer. Elle ne sait pas rappeler ses rencontres d'un soir. Elle ne sait pas comment transformer une passade en du long terme. Ca la touche et la perturbe, un peu, mais pas trop non plus. C'est qu'elle n'a pas rencontré le grand amour.
Géraldine Pailhas habite Didine avec grâce et charme. Loin de ses précédents rôles un peu fades, elle s'empare de son personnage avec appétit et lui insuffle un souffle de vie convainquant. Elle illumine le film sans se forcer, un très beau naturel qui navigue entre l'étourderie et le dilettantisme. Elle est généreuse, toujours de bonne humeur mais avec une touche de mélancolie, qu'on devine au croisement d'un regard, mais qu'elle s'efforcera de cacher aux autres. Sa rencontre avec le beau et ténébreux Nicolas va bouleverser sa vie (interprété par Christopher Thompson, toujours avec ce charme ravageur qui me fait fondre). Elle ne reconnaît plus sa vie.
Ce film, en dehors de l'histoire d'amour un peu mièvre (ce film n'a pas titillé ma fibre fleur bleue outre mesure), parle de la solitude dans notre société. Il parle de ceux qui arrivent à surmonter cela, en se réfugiant derrière une façade ingénue ou acariâtre; et puis il y a ceux qui ne la supportent pas, cette solitude; qui les pousse à commettre l'irréparable. Tous les seconds rôles de "Didine" sont des solitaires, de Didine elle même, qui s'en accommode comme elle le peut, en passant par Muriel (la copine suicidaire), Mme Mirepoix (la vieille acariâtre), Nicolas et aussi François (l'ex petit ami de Muriel et amoureux secret de Didine) ou encore Sabrina, en quête d'un père qu'elle n'a jamais eu. Ces solitudes se croisent dans le grand chambardement du quotidien, en se donnant l'illusion que tout va bien.
Les seconds rôles sont réussis et bien interprétés. A commencer par Julie Ferrier, étonnante en battante désabusée et suicidaire. Et puis mon chouchou Christopher Thompson, il est pas mal du tout aussi. Et puis il y a Benjamin Biolay. Toujours le même celui là que ce soit à la chanson que dans un film. Toujours cet air de chien battu; cette nonchalance désabusée qu'on a envie de secouer pour qu'il se réveille un peu. Mais malgré ça, il dégage un charme assez étonnant. Un mélange de fragilité enfantine et de têtes à claques Bobo.

Didine - Vincent Dietschy

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